“La bibliothèque, source de vie dans un lieu qui était de mort”. C’est par ces mots que Liliana Segre, sénatrice à vie et survivante des camps d’extermination, souligne la création de la nouvelle bibliothèque du Mémorial de la Shoah à Milan : un espace de discussion et de connaissance pour essayer d’éclairer une des périodes les plus sombres de l’histoire.
Grâce à la création de la bibliothèque, en collaboration avec le Cdec, Centre de documentation juive contemporaine, le Mémorial de la Shoah de Milan, dans lequel a été reconstitué tel quel le Binario 21, d’où partaient les trains avec les déportés entre 1943 et 1945, deviendra, selon la sénatrice à vie Liliana Segre, un « lieu de vie ».
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Les nouveaux espaces du Mémorial constitueront le plus grand « pôle de mémoire » d’Italie (c’est-à-dire le plus grand espace consacré à la mémoire de la Shoah). Un nouveau lieu d’étude, de rencontre et de dialogue, situé à côté du Binario 21.
Pour une mémoire « éducative »
Le nouveau pôle de recherche historique sera composé des éléments suivants : la bibliothèque, les archives du Cdec, des salles d’enseignement et une agora (une salle destinée aux événements), qui constituent au total une extension de 750 mètres carrés du mémorial.
Le fonds documentaire de la fondation comprend 31.000 monographies, 700 thèses et 2000 périodiques : l’objectif est donc de faciliter la consultation et l’étude de ces documents par les enseignants et les étudiants.
Selon le président de la Fondation du Mémorial de la Shoah, Roberto Jarach, la tâche consiste à « amener les jeunes à visiter le Mémorial. Parce que la mémoire ne doit pas être vindicative, mais éducative », a-t-il déclaré au Corriere della Sera.
“La bibliothèque est la vie”
Et voici le commentaire de Liliana Segre à Il Corriere della Sera pour cette initiative : « Je trouve extraordinaire que devant le grand mur où j’ai voulu que soit écrit le mot Indifférence, on inaugure une grande et belle bibliothèque. Parce qu’à cause de l’indifférence, ce lieu a été un lieu d’initiation à la mort. Dans le transport dont je faisais partie, nous étions 605, hommes, femmes, vieillards, enfants, et nous sommes revenus une vingtaine. Il y a des noms, dont on se souvient peu, griffonnés sur le mur. »
Et d’ajouter : « Le fait que la bibliothèque ait été construite à quelques pas de ce mur est fantastique : parce que le mur des noms parle de la mort, la bibliothèque est la vie. Chaque fois que je suis retournée à cet endroit, j’ai reconnu ce même sentiment de peur. Aujourd’hui, c’est différent. Avec l’ouverture de la bibliothèque, les noms de ceux qui ne sont pas revenus deviennent des personnes. C’était essentiellement un lieu de personnes qui allaient mourir dans l’indifférence générale : la bibliothèque ajoute, aide, rencontre, suggère, est une source de vie dans un lieu qui était de mort. »