Une CPE a été la cible de menaces de mort après une altercation avec une élève qui a refusé de retirer son voile pour une épreuve du baccalauréat. Une enquête a été ouverte.
Une plainte a été déposée auprès du parquet de Paris pour des menaces de mort proférées à l’encontre d’un membre du personnel d’éducation du lycée Charlemagne, dans le 4e arrondissement de la capitale, a appris Le Figaro de sources concordantes. Une conseillère principale d’éducation a été la cible d’attaques sur les réseaux sociaux à la suite d’une altercation avec une élève qui aurait refusé de retirer son voile pour passer l’examen du baccalauréat.
Le jeudi 16 juin, une candidate d’un lycée parisien se présente à son centre d’examen – le lycée Charlemagne – pour l’épreuve du baccalauréat de français. Selon les éléments recueillis par l’académie, l’adolescente aurait refusé d’ôter son voile pour pénétrer dans l’établissement et procéder aux vérifications d’identité habituelles, et ce «malgré les rappels à la loi effectués à plusieurs reprises par le personnel de la vie scolaire présent à l’accueil de l’examen».
En effet, la loi de 2004 sur le port des signes religieux à l’école dispose que «dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.» Une circulaire du ministère de l’Éducation nationale indique également que la loi «ne s’applique pas aux candidats qui viennent passer les épreuves d’un examen ou d’un concours dans les locaux d’un établissement public et qui ne deviennent pas de ce seul fait des élèves de l’enseignement public.» Concrètement, la loi s’applique à tout élève appartenant à l’enseignement public. En revanche, des élèves en candidat libre ou scolarisés dans un établissement privé et/ou hors contrat peuvent porter le voile durant l’examen. En parallèle, l’établissement peut demander le retrait du voile à l’arrivée afin de «permettre la vérification de l’identité des candidats ou à prévenir les risques de fraudes.»
Le refus de la candidate aurait conduit à des échanges qualifiés de «tendus» entre l’élève et la CPE, avant que la candidate accepte finalement de retirer son voile et puisse être accompagnée à la salle d’examen. L’académie précise que la direction du lycée Charlemagne a «veillé à établir un contact» avec l’établissement d’origine de l’élève ainsi que sa famille.
Un individu se présentant comme l’ami de la candidate a relaté les faits sur Twitter, affirmant que l’élève a bien retiré son voile à l’entrée de l’épreuve, mais que la CPE a tout de même refusé de la faire entrer dans la salle d’examen. Le ton serait monté durant de longues minutes et la situation, selon ses dires, serait restée extrêmement tendue, malgré la tentative d’un surveillant de s’interposer. Il a dénoncé une CPE «islamophobe», des faits «inadmissibles», d’«une violence inouïe», avant de supprimer ses tweets, puis son compte Twitter.
Une enquête ouverte
De nombreux internautes ont réagi pour réclamer l’identité de la CPE: «balance le nom et la photo de la CPE», «le nom de la CPE peut être mentionné pour être dénoncé», soutient un second. Une affaire qui n’est pas sans rappeler celle de Samuel Paty, assassiné en octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par un terroriste islamiste Abdoullakh Anzorov, qui lui reprochait d’avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Il avait eu connaissance de l’identité du professeur sur les réseaux sociaux. D’autres messages vont plus loin puisqu’ils sont accompagnés d’insultes: «quelle p*te la CPE». Plusieurs internautes interpellent le compte du Collectif Contre l’Islamophobie en Europe: «à vous de jouer les frères/sœurs !» Des menaces de mort ont également été proférées, selon plusieurs comptes Twitter.
Dès le lendemain, une plainte a été déposée auprès du parquet de Paris, aboutissant à l’ouverture d’une enquête pour «menaces pour de mort», «harcèlement moral en ligne» et «mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée», explique le parquet de Paris au Figaro. L’enquête a été confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH).
De son côté, l’académie de Paris dit avoir «pris immédiatement toutes les dispositions nécessaires» pour garantir la sécurité des élèves et la sérénité de la suite des épreuves du baccalauréat. Le service de la vie scolaire sera notamment renforcé dans les jours à venir. «Fort de son attachement aux valeurs de respect et de liberté portées par le principe de laïcité, l’académie de Paris condamne avec la plus grande fermeté, les menaces de mort et le cyber harcèlement, dont sont actuellement victimes ses personnels et tient à les assurer de tout son soutien dans cette épreuve», ajoute-t-elle auprès du Figaro.