Dans la 15e circonscription de la capitale, l’Insoumise Danielle Simonnet a été investie par la Nupes, l’alliance électorale incluant le Parti socialiste. Elle affronte pourtant la députée sortante Lamia El Aaraje… soutenue par le PS.
Deux lieux, deux ambiances. Ce mercredi 8 juin, l’Insoumise Danielle Simonnet organise une « fête populaire » place de la Réunion, à Paris, dans le XXe arrondissement. Le sénateur communiste Pierre Laurent et l’écologiste Sandrine Rousseau, finaliste de la primaire EELV et candidate aux élections législatives dans le XIIIe arrondissement de Paris, sont présents et apportent leur soutien à la candidate investie par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), l’alliance électorale nouée à gauche pour les législatives.
Au même moment, à un peu plus d’un kilomètre de là, une autre candidate, la socialiste Lamia El Aaraje, anime une réunion publique… dans un studio d’enregistrement musical. Un lieu tenu secret jusqu’au dernier moment : les équipes de la candidate PS craignaient que d’éventuels perturbateurs venus de « l’extrême gauche » se glissent dans la salle, où la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, a fait le déplacement. Comprenez : des soutiens de Danielle Simonnet.
« Il n’y a jamais eu le moindre incident sur le terrain », rétorque ce jeudi 9 juin la candidate de la gauche radicale, vêtue de son inséparable veste rouge, à quelques encablures de son local de campagne. Dans la 15e circonscription de Paris, territoire populaire et « bobo » solidement ancré à gauche où l’on retrouve également des candidatures de Lutte Ouvrière, du Parti ouvrier indépendant démocratique (POID) et du Parti révolutionnaire communistes, la guerre fait rage entre Danielle Simonnet et Lamia El Aaraje depuis plusieurs semaines.
La socialiste a choisi de se maintenir face à l’Insoumise, investie par la Nupes, une alliance signée par LFI, EELV, le PCF… et le PS. Lamia El Aaraje a été investie par sa formation : le Bureau national et le Conseil national du PS ont en effet acté que cet accord ne s’appliquait pas dans la 15e circonscription de Paris. La seule exception à cette alliance en France…
Quand Simonnet appelle El Aaraje « la dissidente »
Le PS estime que la circonscription aurait dû être réservée à Lamia El Aaraje, élue en juin 2021… face à Danielle Simonnet. Le Conseil constitutionnel avait ensuite invalidé cette élection partielle le 28 janvier 2022 en raison d’un autre concurrent qui avait indûment utilisé le logo LREM. « On a voulu effacer le travail que j’ai fait (en tant que députée) et on a voulu remplacer une élue par une personne battue trois fois dans deux circonscriptions différentes (NDLR : Danielle Simonnet a été battue aux législatives 2012 et 2017 dans la 6e circonscription de Paris avant d’être battue dans la 15e lors de la partielle de 2021). C’est une injustice sans nom que je n’ai pas voulu laisser passer », a fustigé Lamia El Aaraje mercredi soir. Elle a ironisé : « Je suis devenue la seule vraie insoumise de cette campagne. »
Face à la « dissidente », comme elle l’appelle, Danielle Simonnet, qui se définit comme « une élue militante », met en avant sa participation à toutes les « batailles » sociales et sociétales qu’elle mène depuis une vingtaine d’années dans cet arrondissement qu’elle connaît parfaitement. Elle charge sa rivale socialiste, une « institutionnelle absente de toutes les mobilisations sur le terrain ». Anne Hidalgo ne partage pas cet avis. « Lamia incarne la politique avec un grand P. Le but de la politique, c’est de changer les vies et c’est ce que tu incarnes », a-t-elle salué mercredi soir, vantant sa « détermination » et son « courage ».
La polémique Jeremy Corbyn
Si leur programme se ressemble sur les questions sociales, en revanche, sur d’autres sujets comme l’Europe, la laïcité et la question républicaine, les deux candidates affichent leurs divergences. « Je suis en colère contre cette gauche qui assigne (…) A partir du moment où on a laissé une frange de la gauche considérer que la République visait à réduire l’individu à la plus petite caractéristique, on a commencé à se planter », a déclaré Lamia El Aaraje dans une interview au Point » « Je suis bien plus laïque que n’importe quel socialiste », répond Danielle Simonnet.
« Solidarité, unité, victoire ! » ✌️
Beaucoup d’émotion et de fierté de recevoir ce soir @jeremycorbyn, député de Londres, venu avec @Deputee_Obono en soutien à notre dynamique militante de la #NUPES et notre campagne d’union ! #circo7515 pic.twitter.com/mHW6jM9Ile
— Danielle Simonnet (@Simonnet2) June 3, 2022
Une polémique a éclaté une semaine avant le premier tour. Le vendredi 3 juin, le Britannique Jeremy Corbyn, à la tête du Parti travailliste de septembre 2015 à avril 2020, a tweeté une photo de campagne à Paris où il est venu soutenir la députée sortante de la 17e circonscription de Paris Danièle Obono et Danielle Simonnet. L’insoumise a relayé le tweet et fait part dans un autre message de son « émotion » et sa « fierté » de recevoir Jeremy Corbyn, exclu de son groupe parlementaire en novembre 2020 pour laxisme face à l’antisémitisme.
Sa rivale socialiste Lamia El Aaraje a aussitôt attaqué l’insoumise. « Les masques tombent : inviter et afficher le soutien de Jeremy Corbyn, écarté du Labour Party et du groupe pour complaisance avec l’antisémitisme en Angleterre, après 1000 plaintes enregistrées par ce parti, est une honte dont est fière Danielle Simonnet », a-t-elle tweeté. « Jeremy Corbyn n’a jamais tenu le moindre propos antisémite. Il a toujours dit qu’il fallait respecter le processus interne au parti », se défend Danielle Simonnet, en dénonçant la « cabale » de l’aile droite du Labour contre ce représentant de l’aile gauche du parti britannique.
Les dix appels de Jospin à Faure
Quand l’une incarne une opposition de gauche résolue à Anne Hidalgo, l’autre soutient infailliblement la mairie de Paris. L’une se réfère à Jean-Luc Mélenchon , l’autre à deux anciens Premiers ministres, Bernard Cazeneuve et Lionel Jospin. L’artisan de la gauche plurielle n’a pas ménagé ses efforts en faveur de Lamia El Aaraje. Il est venu la soutenir le 8 mai sur le marché de la place de la Réunion. L’ancien Premier ministre (1997-2002) a même écrit à plusieurs reprises à Jean-Luc Mélenchon pour lui demander de revoir sa position sur cette circonscription et a appelé pas moins de dix fois le Premier secrétaire du PS Olivier Faure pour lui demander de soutenir la socialiste après l’investiture de Danielle Simonnet par la Nupes.
« Te soutenir, c’est refuser une injustice. (…) Comme beaucoup d’autres, je ne pouvais accepter que, pour servir des arrangements personnels, certains prétendent t’interdire de te représenter. Tu es ici à nouveau la plus légitime pour représenter la gauche et les écologistes au Parlement », a affirmé Lionel Jospin mercredi soir à travers une lettre lue par le sénateur PS de Paris, David Assouline. L’ancien candidat à la présidentielle de 1995 et 2002 a salué une « élue de terrain proche des habitants », « une femme à l’engagement social », et au « parcours républicain irréprochable ».
Lamia El Aaraje a également pu compter sur le soutien de Bernard Cazeneuve durant la campagne. Le 24 mai, lors d’une réunion dans un bar du XXe arrondissement, l’ancien Premier ministre socialiste qui avait annoncé son départ du PS après l’accord avec les Insoumis a vanté les qualités de Lamia El Aaraje, une « grande républicaine » avec la « laïcité comme une valeur intangible », par opposition à Danielle Simonnet, une « militante d’appareil » de la gauche qui « donne des leçons ».;
La candidate de la Nupes affiche sa confiance dans une circonscription où le premier tour des législatives, dimanche 12 juin, constituera une primaire de la gauche. Il faut dire que dans cet arrondissement, Jean-Luc Mélenchon (47,17%) a largement devancé Emmanuel Macron (23,71%) au premier tour de la présidentielle, tandis qu’Anne Hidalgo a été; balayée (2,40%). « Les électeurs ont bien compris que ces législatives font office de troisième tour. Les catégories populaires et la jeunesse ont un espoir de changement », relate Danielle Simonnet. Elle n’a pas de doute sur sa qualification pour le second tour, le 19 juin, où elle pense affronter le candidat de LREM, Mohamad Gassama. C’est tout juste si elle craint que sa concurrence socialiste « l’empêche d’être élue dès le premier tour ». Mais elle « ne sera pas qualifiée pour le second », prédit-elle. Non sans un air de satisfaction…
ce qui est sûr est qu’il y a, à Paris, de drôles de candidats et même de drôles de suppléants. Ainsi dans les 3eme et 10eme arrndt. la candidate du PRG (Meddah) a pour suppléant un nommé Scanvic qui indique être avocat -et qui l’est effectivement- mais qui est aussi un énarque haut placé du PS, aisément ‘mis en disponibilité’ du Conseil d’Etat pour convenance personnelle.
Toujours est-il que c’est à l’intéressé que l’on doit, du temps où il était directeur de la DAG du ministère de la Culture sous Trautmann, la révocation définitive et sans salaire d’un fonctionnaire, au 31/1/1999, dans des conditions de provocation antisémite et de non-Droit qui n’eussent pas même été concevables sous le régime de Vichy (cf. arrêté Culture n° 3901 du 7 janvier 1999, annulé et remplacé par arrêté n°3904 du 18 janvier ; tous deux signés Scanvic).
Et il avait le bras long, le nommé Scanvic…
Même que c’était… toutes tendances confondues (!) que les syndicats BNF/Culture, dont la complicité était ici indispensable, lui avaient prêté main forte.
Même que la… Ligue des Droits de l’Homme s’empressa de détourner les yeux, pour cause de « petits copains » alors au pouvoir (depuis la dissolution de 1997).
Et même que ce fut jusqu’au… ‘Monde’, qui tenu au courant en temps réel : se garda bien d’informer de ce qui aurait pu intéresser au moins une partie de ses lecteurs.