L’Anses publie ce mercredi une étude sur la pollution de l’air dans les transports en commun en souterrain et celle-ci est trois fois supérieure à celle en extérieur.
Parmi le top 5 des odeurs désagréables du quotidien, celle du métro figure en bonne place. L’explication vient peut-être de la composition de l’air dans nos transports souterrains. Selon une étude de l’Agence nationale sécurité sanitaire (Anses), le taux de particules fines y est « en moyenne trois fois plus élevé que dans l’air extérieur urbain ». La faute au frottement des roues sur les voies lors du freinage, qui arrache du fer, et aux poussières remises en suspension à chaque passage de rame.
L’Anses avait été chargée en 2019 par les pouvoirs publics d’une étude sur la faisabilité d’élaborer des « valeurs guides de l’air intérieur » dans les « enceintes ferroviaires souterraines ». Sept agglomérations en France ont des réseaux souterrains : Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rennes, Rouen et Toulouse. Mais les données disponibles sont insuffisantes, déplore l’Anses, car « le corpus d’études épidémiologiques et toxicologiques spécifiques est trop limité pour pouvoir tirer des conclusions fermes sur d’éventuels effets sanitaires de l’exposition des usagers à la pollution de l’air des EFS », malgré la « possibilité » d’effets cardio-respiratoires.
Connaître son exposition en fonction du trajet
L’agence recommande de renforcer les mesures de la qualité de l’air dans ces réseaux souterrains, pour l’heure peu généralisées. Et ainsi de pouvoir mettre en place des « indicateurs » de qualité de l’air, déterminés notamment en fonction des durées respectives des trajets sur les différents réseaux et qui « intègrent les expositions sur une journée dans différents environnements – à la maison, au travail et dans les transports ».
Le cumul de ces concentrations en particules devrait respecter les normes d’exposition fixées par une directive européenne de 2008 sur la qualité de l’air et si possible celles de l’OMS, plus strictes que la réglementation UE et durcies en 2021 pour prendre en compte les connaissances les plus récentes sur l’impact sanitaire de la pollution de l’air. Les mesures disponibles suggèrent que la réglementation européenne est « globalement respectée, » explique Marion Keirsbulck de l’Anses, qui souligne que « c’est beaucoup moins le cas » pour les valeurs de l’OMS.
Visée par une plainte, la RATP « extrêmement mobilisée »
Sur le réseau parisien « il n’y a que trois stations qui sont bien instrumentées », relève Eric Vial, directeur de l’évaluation des risques à l’Anses. Et ces mesures sont réalisées par des capteurs fixes sur les quais, alors qu’il faudrait également étudier régulièrement couloirs et rames, souligne l’avis. La qualité de l’air dans le métro parisien a déjà donné lieu à une action en justice. L’association Respire a porté plainte contre la RATP en mars 2021 pour « tromperie aggravée » et « blessures involontaires », mettant en cause les niveaux de pollution de l’air.
Ile-de-France Mobilités a lancé fin mai un plan d’action pour améliorer la qualité de l’air dans les stations de métro et RER. De nouveaux points de mesures sont prévus, notamment sur les particules ultra-fines, dont les résultats seront publics comme ceux déjà pratiqués. La RATP « est extrêmement mobilisée » sur le sujet, misant notamment sur « l’amélioration technologique » pour réduire les émissions à la source, insiste Sophie Mazoué, responsable du développement durable à la régie parisienne.
Des tests ont ainsi été lancés dans le RER sur de nouvelles garnitures de frein, dont les résultats préliminaires « très prometteurs » sur banc d’essai ont affiché une diminution de 90 % des émissions de particules, explique la responsable. Des investissements de 57 millions d’euros sont en outre prévus pour la ventilation, avec des expérimentations en station de « filtration électro-statique » et de « systèmes de piégeage de particules ».