On s’attend à une série noire et glauque. Mais c’est tout le contraire. « Mafia queens » est une comédie mordante, fielleuse, parfois limite caricaturale mais rageusement drôle quelque part entre « Desperate Housewives » au pays de la mafia et le film culte de Jonathan Demme « Veuve mais pas trop ».
Une nuit, à Tel-Aviv, une fusillade éclate sur le yacht à bord duquel Eyal Malka, le fils aîné de l’une des plus célèbres familles mafieuses d’Israël, enterre sa vie de garçon. Tous les hommes du clan sont éliminés à l’exception d’Ido, un garçon de 9 ans, qui parvient à se cacher. Après le massacre des hommes de leur famille, les femmes du clan Malka aspirent à reprendre les rênes des affaires et se venger des tueurs.
La série est réalisée par Amir Mann et Itay Morag et scénarisée par Gal Zaid, Danny Rosenberg, Ruti Zaid, Dror Nobelman, Shira Porat et Shira Florentin. Tout ce qui fait de Mafia Queens une série atypique et intéressante est dans son concept de base. : l’envie de faire un récit mafieux mettant en scène des figures féminines fortes qui s’émancipent, le tout adapté à la société israélienne et à toutes les oppressions que cela sous-entend pour nos héroïnes. D’ailleurs, dès le premier épisode, une fois les funérailles passées, on entend un personnage s’exclamer qu’il n’y a aucun survivant dans la famille Malka, soulignant l’air de rien que les femmes ne font que de la figuration dans cet univers.
Dans cette série on retrouve entre autres, Rita, célèbre chanteuse israélienne d’origine iranienne, qui compose avec panache le personnage de Dori Malka, sulfureuse “Marraine” en Prada, aux accents de tragédienne et aux antipodes de ses célèbres homologues masculins sanguinaires. Acharnée à rebâtir l’empire du crime qu’elle a reçu en héritage, cette veuve joyeuse réunit autour d’elle un clan de cinq femmes aux caractères bien trempés et élevées selon une seule loi, celle du talion.
De Lizzie (Dana Ivgy), sa fille garçon manqué, à sa sœur gaffeuse Tzipi (Orly Silbersatz Banai), en passant par sa petite-fille, ado effrontée, cette armée de femmes combatives donne du fil à retordre à des adversaires masculins essentiellement psychopathes et sadiques, dont l’irrésistible Albert, interprété par Igal Naor (The Honourable Woman). S’ils sont bousculés par l’inversion de genre et teintés d’un humour féroce, les codes du film de mafia sont respectés et se déploient à un rythme haletant : chasse à l’homme, trafic de drogue, prostitution, représailles et trahison… À travers les alliances improbables que les femmes Malka nouent pour survivre (famille arabe, immigrés soudanais, prostituées russes…), la série interroge aussi en creux l’état d’une société israélienne patriarcale et clivée.