D’Emmanuel Macron aux associations de victimes des attentats du 13 novembre 2015, les hommages se sont multipliés pour l’initiatrice du fonds de garantie des victimes du terrorisme.
“Femme d’exception” ayant mis sa vie au service des victimes du terrorisme après avoir été elle-même grièvement blessée lors d’un attentat en 1983, Françoise Rudetzki est décédée dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 mai à Paris, à 73 ans, a-t-on appris ce mercredi auprès de sa famille. “Jusqu’au bout, elle aura milité pour la reconnaissance et la prise en charge des victimes d’attentats”, a déclaré sa fille Deborah Rudetzki, contactée par l’AFP.
Une vie de douleurs, de combats et de victoires. Françoise Rudetzki s’est éteinte. Puisant sa sensibilité de son histoire personnelle, elle était une figure tutélaire pour toutes les victimes d’attentats. Je pense à ses proches, à tous ceux qu’elle a défendus. Nous continuerons. https://t.co/XSN0kpFMok
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 18, 2022
Et rapidement, les hommages se sont multipliés pour celle qui aura notamment initié la création du fonds de garantie des victimes du terrorisme. Le président de la République Emmanuel Macron a notamment salué “une figure tutélaire pour toutes les victimes d’attentats”, rappelant que François Rudetzki aura vécu “une vie de douleurs, de combats et de victoires”.
“Sa voix ne s’éteindra pas”, a quant à lui réagi le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, exprimant sa “tristesse” face à la disparition d’une femme qui “a fait de ses blessures son plus grand combat en consacrant sa vie aux victimes du terrorisme”.
C’est avec tristesse que j’apprends la disparition de Françoise Rudetzki. Elle a fait de ses blessures son plus grand combat en consacrant sa vie aux victimes du terrorisme. Je me souviens de son abnégation et de sa résilience. Sa voix ne s’éteindra pas.
— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) May 18, 2022
Une figure majeure et protectrice pour toutes les victimes
Des victimes qui ont elles aussi honoré la mémoire de la septuagénanire. L’association Life for Paris, qui rassemble de nombreuses victimes des attentats du 13-Novembre, a notamment salué dans un communiqué la “grandeur d’âme unique” de cette “femme d’exception”, qui “a permis de faire de la France un exemple de la prise en charge des victimes” et apporté une “aide fondamentale” à l’association à ses débuts.
Hommage à Françoise Rudetzki. pic.twitter.com/rlgfwZghgs
— Life for Paris (@lifeforparis) May 18, 2022
Une autre association liée aux attentats survenus à Paris et Saint-Denis en 2015, 13Onze15 a également réagi, par le biais d’un communiqué de son président. Elle évoque notamment “une interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics et de tous les acteurs de ‘l’environnement’ des victimes, en France comme à l’étranger, celles attentats, mais aussi des accidents collectifs et de toutes les catastrophes”.
Décès de François Rudetzki – Quelques mots de notre président, Philippe Duperron : pic.twitter.com/goy9HElgL0
— Fraternité et Vérité (@13onze15) May 18, 2022
“Son ambition doit être notre héritage et notre boussole”, a aussi réagi dans un communiqué Frédérique Calendra, déléguée interministérielle à l’aide aux victimes, saluant la “pugnacité” et l’“enthousiasme” de Françoise Rudetzki dans son combat.
« ‘J’ai eu la chance de connaître, d’échanger et de bénéficier des conseils et de l’expérience de Françoise (…) ». #Décès de #FrancoiseRudetzki : retrouvez le communiqué de presse de la @DIAVictimes. pic.twitter.com/feVn6QfX5N
— Déléguée interministérielle à l’aide aux victimes (@DIAVictimes) May 18, 2022
“Françoise Rudetzki a toujours voulu se battre pour la dignité, pour la reconnaissance des droits” des victimes et “elle ne lâche jamais prise”, avait déclaré le président François Hollande en lui rendant hommage en 2016 à l’Élysée, avant de la décorer de l’Ordre national du mérite.
Activiste inlassable aux nombreuses victoires
Juriste, Françoise Rudetzki avait créé SOS Attentats, première association de défense des victimes d’actes de terrorisme, en décembre 1985, une date qui marquait le début d’une vague d’attentats meurtriers liés au conflit du Proche-Orient à Paris.
Jour de très grande tristesse. Une femme exceptionnelle, Françoise Rudetzki, nous a quittés.https://t.co/ITZtPTjS6O pic.twitter.com/gu2Q4zDxSV
— Fonds de Garantie des Victimes (@FONDSDEGARANTIE) May 18, 2022
Et dès 1986, elle avait obtenu la création du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme, financé par un petit prélèvement sur chaque contrat d’assurance de biens, une garantie étendue en 1990 à l’ensemble des victimes d’infractions pénales (viols, agressions, braquages).
“Jusqu’à son décès”, elle est restée “membre du conseil d’administration” du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et autres infractions (FGTI), ont indiqué dans leur communiqué les familles Rudetzki et Dab.
« Sa force et son engagement continueront de nous guider au service des personnes à l’épreuve de psychotraumatismes »
Découvrez le parcours de Madame Françoise Rudetzki dans un podcast publié il y a quelques mois : https://t.co/6UlPbzjtp6#FrançoiseRudetzki pic.twitter.com/9RLLIb556X— Centre national ressources et résilience Cn2r (@CN2R_France) May 18, 2022
Elle avait aussi réussi à faire reconnaître aux victimes du terrorisme le statut de victimes civiles de guerre et la possibilité pour les associations de se porter partie civile lors des procès. En 2018, elle avait également défendu la création d’un Centre national de ressources et de résilience (CN2R), destiné à améliorer la prise en charge des victimes d’évènements traumatiques.
“À cette époque, on ne parlait jamais des victimes”
Le 23 décembre 1983, Françoise Rudetzki avait été victime d’un attentat à la bombe au restaurant le Grand Véfour, sous les arcades du Palais-Royal, à Paris, où elle fêtait ses dix ans de mariage avec son mari. L’explosion avait projeté une porte métallique qui avait écrasé les jambes de la jeune femme d’affaires. Opérée à des dizaines de reprises pour soigner ses blessures, elle avait contracté le VIH et le virus de l’hépatite C lors d’une transfusion.
Je suis très triste d’apprendre le décès de Françoise Rudetzki. Une femme qui a mené seule un combat pour faire entendre la voix des victimes du terrorisme. L’une des premières qui m’a épaulée après la mort de mon fils. Une femme sincère. Je l’admirais et l’aimais beaucoup. pic.twitter.com/3AUlwG89vg
— Latifa Ibn Ziaten (@LatifaIbnZ) May 18, 2022
“À cette époque, on ne parlait jamais des victimes”, avait plus tard confié à l’AFP Françoise Rudetzki. “Le mot ‘victime’ était un peu comme un mot qu’il ne fallait pas prononcer et seuls les médecins s’occupaient des victimes”.
Par la suite, les chroniqueurs judiciaires l’auront croisée d’innombrables fois aux audiences et dans les couloirs du palais de justice de Paris, où elle se déplaçait à l’aide de béquilles.
Françoise Rudetski s’est éteinte cette nuit. Elle a oeuvré pendant 40 ans, avec SOS Attentats notamment, pour la défense des victimes du terrorisme, leur mémoire, leur indemnisation et leur accompagnement. Hommage à cette grande dame https://t.co/xEq2aQvvXu
— Sacha Ghozlan (@SachaGhozlan) May 18, 2022
“Nous mesurons la perte que cela va représenter pour les victimes”, a souligné l’avocat Frédéric Bibal en annonçant son décès à la reprise d’audience au procès des attentats du 13 novembre 2015, qui se déroule en ce moment à Paris. Françoise Rudetzki avait “accompagné de nombreuses victimes au cours de procès d’attentats terroristes”, a rappelé maître Bibal, qui représente plusieurs dizaines de parties civiles au procès du 13-Novembre.
Peine infinie à l’annonce du décès de Françoise Rudetzki. Meurtrie dans sa chair, elle fut la première à porter haut, avec dignité et détermination, la prise en charge et la reconnaissance des victimes d’actes de terrorisme. Puisse sa mémoire être source de bénédictions.
— Haïm Korsia (@HaimKorsia) May 18, 2022