Président depuis un an et demi de l’Amitié judéo-chrétienne de France (AJC), Jean-Dominique Durand est pour deux jours en visite à Besançon pour rencontrer l’une des 40 amitiés qui irriguent l’Hexagone. Il va notamment rencontrer la rectrice et l’archevêque. Interview.
Historien du christianisme et professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Lyon 3, vous présidez depuis novembre 2020 l’Amitié judéo-chrétienne (AJC) de France et êtes pour deux jours à Besançon où l’ AJC, qui compte une cinquantaine de membres, existe depuis les années 1960. Pourquoi cette visite ?
« Élu en pleine période Covid, j’ai à cœur de rencontrer les différentes associations de notre fédération. D’autant que l’année prochaine, nous célébrerons le 75e anniversaire de sa création et le 60e anniversaire de la mort de notre fondateur, Jules Isaac. Il s’agit aussi de souligner la question de l’antisémitisme qui est cruciale. C’est un problème qui s’affirme de plus en plus dans notre pays et s’il existe encore un vieil antisémitisme colporté par certains chrétiens intégristes, il est marginal par rapport au nouvel antisémitisme, porté par l’islamisme radical et qui se camoufle derrière l’antisionisme. C’est très préoccupant. Quand des proviseurs vous disent qu’ils ne peuvent plus accueillir d’enfants juifs parce qu’ils ne sont pas capables d’assurer leur sécurité, la République chancelle. »
C’est pourquoi vous avez initié, le 20 mars dernier, une Journée nationale de lutte contre l’antisémitisme ?
« Je crois que l’une des missions de l’AJCF est de mieux se connaître, de réfléchir et d’échanger ensemble sur les textes fondateurs, mais si nous voulons faire vivre la notion d’amitié, il faut des actes forts. D’où cette journée qui se tiendra chaque année le dimanche le plus proche du 19 mars, date du massacre de Toulouse, voilà 10 ans, où, pour la première fois depuis 1944, des enfants ont été tués pour l’unique raison qu’ils étaient nés juifs… »
Au quotidien, si certains réfutent la réalité de l’islamo-gauchisme, force est de constater qu’islamistes et gauchistes se retrouvent lorsqu’il s’agit des actes antisémites et antichrétiens qui vont grandissant. Comment réagir ?
« Je parlerai plutôt d’actes antireligieux, car les musulmans sont aussi victimes des islamistes. Nous avons cela en France peut-être plus qu’ailleurs. Mais je pense que le problème de l’antisémitisme est plus aigu, répandu et pervers. C’est un mal qui ronge la société. »
« L’antisémitisme est le socialisme des imbéciles », selon une formule attribuée au social-démocrate allemand August Bebel. Mais comment lutter ? N’est-ce pas aussi un combat contre l’ignorance ?
« Si. Et c’est pourquoi je vais rencontrer la rectrice car l’académie de Besançon a été longtemps en pointe sur la question de l’enseignement du fait religieux et du dialogue interreligieux, notamment avec le recteur Joutard, qui a été l’un de mes maîtres, et ses successeurs. Besançon me semble être un exemple intéressant. »