Lors d’une cérémonie organisée dans la cathédrale d’Oxford, dimanche 8 mai, l’Église anglicane a présenté ses excuses pour des lois médiévales ayant conduit, au XIIIe siècle, à l’expulsion de nombreux juifs du Royaume-Uni. Cette initiative s’inscrit dans une démarche de réconciliation judéo-anglicane entamée en 2019.
Si l’Église anglicane n’existait pas encore à l’époque – elle n’a été fondée qu’en 1534 – celle-ci entend, par cette cérémonie, assumer l’attitude de ses ancêtres, et demander pardon au nom des chrétiens pour avoir contribué à alimenter, au cours des siècles suivants, l’antisémitisme dans le pays.
S’excuser pour ses « actions honteuses » et « redéfinir positivement » ses relations avec la communauté juive. Tel était l’objet de la cérémonie organisée en grande pompe par l’Église anglicane dans la cathédrale d’Oxford, dimanche 8 mai, afin de demander pardon pour l’application de lois restrictives contre les juifs, au XIIIe siècle.
En présence de plusieurs membres de la communauté juive et d’un évêque catholique, le révérend Michael Ipgrave, évêque anglican de Lichfield, a célébré ce temps pour « se rappeler, se repentir et reconstruire », à l’occasion du 800e anniversaire du Synode d’Oxford, qui coïncide avec la promulgation de lois particulièrement restrictives à l’égard des juifs.
Expulsion de 3 000 juifs
Votées en 1222 par le Synode, ces lois interdisaient aux juifs d’acquérir des terres, de transmettre un héritage ou bien d’exercer certaines professions. À l’époque, les responsables de l’Église avaient joué un rôle important dans leur application, obligeant les 3 000 juifs alors établis dans le pays à porter des signes d’identification ou leur interdisant de fréquenter des chrétiens. Les juifs avaient finalement été expulsés d’Angleterre par le roi Édouard Ier, en 1290.
Si l’Église anglicane n’existait pas encore à l’époque – elle n’a été fondée qu’en 1534 –, celle-ci entend, par cette cérémonie, assumer l’attitude de ses ancêtres, et demander pardon au nom des chrétiens pour avoir contribué à alimenter, au cours des siècles suivants, l’antisémitisme dans le pays. C’est dans cette démarche œcuménique que l’Église catholique a été associée à la cérémonie, à travers la présence de l’évêque auxiliaire émérite de Birmingham, le révérend William Kenney.
Processus de réconciliation judéo-anglicane
L’idée d’une telle cérémonie avait été annoncée, à l’été 2021, comme l’aboutissement d’un processus de réconciliation entamé en 2019 avec la publication du document God’s Unfailing Word (« La parole indéfectible de Dieu »). Ce texte soulignait l’importance de la relation entre chrétiens et juifs, et reconnaissait que des siècles d’antisémitisme chrétien en Europe avaient jeté les bases de la Shoah.
Dimanche, le grand rabbin d’Angleterre, Ephraim Mirvis, a assuré que l’initiative avait été « très appréciée par la communauté juive » et appelé à ce que l’année « 2022 soit perçue comme un tournant ». « Tâchons de consolider la compréhension entre juifs et chrétiens, de célébrer ce que nous avons en commun et de nous respecter mutuellement », a-t-il dit, en aparté de la cérémonie à laquelle il n’a pas participé « par tradition ».
De son côté, le révérend Michael Ipgrave a invité les chrétiens à se repentir et à prendre conscience du fait que l’héritage de ces lois « continue à se faire ressentir », alors que les chiffres des actes antisémites ne cessent d’augmenter ces dernières années au Royaume-Uni, selon l’organisation Community Security Trust (CST).
De telles cérémonies d’excuses auprès des juifs existent-elles côté catholique ? Le 12 mars 2000, le pape Jean-Paul II avait prononcé une « repentance générale relative aux erreurs des membres de l’Église catholique », à l’occasion du Grand Jubilé. Cette prière universelle comportait une prière particulière à l’intention du peuple juif, que le pape avait lui-même déposé symboliquement quinze jours plus tard dans un interstice du Mur occidental, à Jérusalem.
Juliette Paquier