Ce fonds avait été ouvert il y a vingt et un ans, à la suite d’un accord historique avec des survivants de la Shoah et leurs familles aux Etats-Unis. Il a indemnisé près de 25 000 personnes, pour un montant total de plus de 200 millions d’euros.
Le gouvernement autrichien a dissous, mardi 26 avril, le fonds d’indemnisation des victimes du nazisme créé en 2001, estimant qu’il avait « pleinement rempli sa tâche », selon un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP).
« Lors de la réunion d’aujourd’hui, son conseil d’administration a estimé que le fonds devait être dissous conformément à la loi », a précisé l’organisme dont il dépend. Plus de 30 000 dossiers déposés par des personnes persécutées par les nazis ou leurs descendants ont été instruits. « Au total, le fonds a versé plus de 200 millions d’euros [de dédommagement] à environ 25 000 bénéficiaires », précise le communiqué.
Ce fonds avait été chargé également d’étudier les demandes de restitution des biens acquis légalement après la guerre par les collectivités ou l’Etat autrichien, à la suite des spoliations des juifs par les nazis lors de l’annexion du pays au IIIe Reich. « Plus de 2 300 demandes ont été déposées » dans ce cadre et « 140 répondaient aux critères », a détaillé le fonds, pour une valeur de 48 millions d’euros.
Tournant mémoriel historique
L’Autriche avait pris la décision historique d’instaurer un fonds d’indemnisation après des décennies de déni de sa responsabilité dans les crimes du national-socialisme. Elle avait fait l’objet d’attaques en justice de survivants et de leurs descendants aux Etats-Unis, qui accusaient des particuliers comme des collectivités d’avoir profité des spoliations pour s’enrichir impunément.
Après le retour au pouvoir en 2000 du parti d’extrême droite FPÖ dirigé par Jörg Haider, fondé par d’anciens SS, les pressions de la part de Washington et de ses partenaires de l’Union européenne (UE) pour que l’Autriche reconnaisse cette réalité historique et en tire des conséquences financièrement se sont accentuées. Finalement, un accord avait été conclu entre les Etats-Unis et l’Autriche à Washington en 2001, constituant un tournant mémoriel historique pour le pays de naissance du dictateur nazi Adolf Hitler.