Elles pensaient investir dans la crypto-monnaie. Plus de 500 personnes ont été victimes de pseudo plateformes ou sites frauduleux. Une arnaque dont les ramifications s’étendaient en Europe, en Turquie et en Israël, mise au jour grâce à une vaste coopération internationale.
Les faits remontent à 2018 et 2019. L’enquête a été ralentie par la Covid, mais ce lundi 11 avril, six personnes ont été interpellées dans trois villes d’Israël : Jérusalem, Tel Aviv et Eilat. Elles sont soupçonnées d’avoir blanchi de l’argent provenant d’arnaques à la crypto monnaie.
Le montant du préjudice est estimé à douze millions d’euros. Cinq cents personnes en auraient été les victimes, dont certaines habitent la région Nouvelle-Aquitaine. Elles ont transféré les fonds sur des comptes en Europe, principalement au Portugal, avant ventilation des fonds en Asie et en Turquie.
Ces victimes pensaient investir sur de la cryptomonnaie mais les plateformes d’investissements étaient frauduleuses. Dans son communiqué de presse, le procureur de La République, Frédérique Porterie cite « generalcrypto.net, boursebitcoin.com, lacentraledescryptomannaies.com et ether-invest.com. » Un site contrefaisant une société civile de gestion de patrimoine a également été identifié.
C’est la Section de Recherches de Pau qui a identifié des personnes chargées de mettre à disposition de faux sites internet.
Le parquet de la Juridiction Inter-régionale spécialisée de Bordeaux, chargée notamment des affaires complexes de fausse monnaie ou blanchiment d’argent lançait alors une demande d’entraide au Portugal, à la Turquie et à Israël. Il s’agissait d’identifier également les complices chargés de blanchir l’argent soutiré aux victimes.
L’enquête menée dans ces pays révélera un « mécanisme inédit de compensation » : avec l’argent volé, de l’or était acheté en Turquie pour un joaillier basé à Jérusalem.
Ils agissaient de l’étranger
Six magistrats et enquêteurs bordelais et palois se sont rendus en Israël « pour assister à l’exécution des actes d’enquête sollicités » indique le procureur de la République. Cette coopération judiciaire et policière aboutit ce lundi 11 avril à l’arrestation de six suspects en Israël.
Une soixantaine de policiers israéliens a été mobilisée. Des perquisitions menées au domicile des suspects dont certains avaient un « standing élevé en contradiction avec une activité professionnelle indéfinie« . 30 000 euros ont été saisis ainsi que des factures en lien avec les faits reprochés. Des données ont également été extraites de téléphones portables.
Lors des interrogatoires, menés en présence du magistrat et des enquêteurs français, les enquêteurs israéliens ont recueilli des éléments qui permettront d’engager des poursuites en France contre les personnes identifiées dans le cadre de cette entraide judiciaire.
Des malfaiteurs agissant à l’étranger au préjudice de victimes françaises n’ont pas échappé à la justice se félicite le procureur de la République. « Cette opération témoigne de la coopération judiciaire et policière renforcée entre les autorités françaises et israéliennes » et « signifie également que les malfaiteurs agissant de l’étranger au préjudice de victimes françaises ne sont pas hors d’atteinte de l’action de la justice« , s’est félicitée Mme Porterie.