Des ânes étaient abattus dans les pires conditions pour leur viande et leur peau. Sharon Cohen a sauvé 400 bêtes et 200 parmi les rescapées vont être rapatriées en France.
Tout commence par un coup de téléphone à Sharon Cohen, qui dirige un refuge pour animaux près de Netanya en Israël. « Un type de Gaza a appelé, raconte-t-elle. Il était très en colère contre Israël et demandait d’arrêter d’envoyer des ânes là-bas parce qu’ils finissent par mourir en Égypte. C’était terrible, en Égypte, où il y a des abattoirs, c’est très violent avec des décharges électriques, c’était vraiment l’enfer »
La viande était consommée en Egypte et les peaux et les sabots vendus en Chine. Pour Sharon, cheveux aux reflets violets, une tête d’ânesse tatouée sur le bras gauche et une autre en médaillon, impossible de rester sans rien faire. « J’ai essayé d’appeler tout le monde, explique l’Israélienne. Qui était en charge de cette histoire ? Le ministère de l’Agriculture ne savait pas ce qui se passe ! À la police, personne à qui parler ! L’administration civile ne savait pas de quoi nous parlions, tout comme la police des frontières ! »
200 ânes trouvent refuge en France
Sharon s’adresse alors directement aux grossistes qui vendent les ânes, visiblement de bonne foi, et leur rachète toutes les bêtes prévues pour Gaza.
Il y a au total près de 400 ânes, à qui il faut ensuite trouver des structures d’accueil. Et voilà comment Patrick et Francine Violas, du refuge la Tanière près de Chartres, en prendront la moitié. Francine se souvient encore quand elle a été prévenue par l’une de ses connaissances en janvier. « On attendait des lapins qui arrivaient d’un laboratoire, je lui disais que c’était merveilleux les lapins et elle me dit : ‘Oui, c’est merveilleux mais j’ai encore 200 ânes’. » Interloquée au début Francine répond ensuite : « Très bien, nous avons 200 ânes. Ils venaient d’Israël et ils ont employé le mot bande de Gaza. » « On dit ok et qu’on va se débrouiller. Il va falloir des avions, sûrement cinq, pour pouvoir faire venir 200 ânes… Il s’agit de beaucoup d’argent, c’est un sauvetage qui va coûter de 250 000 à 300 000 euros. »
La Tanière espère des dons et plus encore des familles d’accueil pour tous ces ânes. Les premiers ânes arriveront en France fin avril début mai. Un soulagement pour Sharon Cohen qui aimerait retrouver le Gazaoui qui lui a téléphoné. « Il a la trouille, ils allaient le tuer là-bas, explique-t-elle. Une autre organisation d’aide aux animaux à l’étranger m’a demandé si on pouvait le retrouver avec un détective à Gaza. »
Et quand on lui demande si cette histoire montre qu’il est aussi possible de faire aussi des choses bien entre les gens de Gaza et ceux d’Israël, Sharon Cohen répond : « Bien sûr, c’est possible. Il y a aussi une personne à Gaza qui sauve des chats et d’autres animaux. Les gens lui donnent de la nourriture pour les chats. Il est extrêmement important de coopérer lorsqu’il s’agit d’animaux. » À Gaza, le Hamas au pouvoir peut punir les Palestiniens qui téléphonent en Israël.