Des attaques attribuées au groupe djihadiste ont fait six morts israéliens ces derniers jours, des attentats sans précédent depuis 2017.
En frappant le pays à deux reprises en moins d’une semaine, l’organisation Etat islamique (EI) a resurgi brutalement dans le quotidien des Israéliens. Deux officiers de la police des frontières sont morts dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 mars dans la ville côtière de Hadera et douze autres personnes ont été blessées.
Les deux assaillants, des Arabes israéliens identifiés par les services de sécurité comme des sympathisants de l’organisation Etat islamique, ont été tués. Tous deux avaient au préalable revendiqué leur attaque au nom du groupe djihadiste en prêtant allégeance au nouveau chef de l’organisation, selon une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
C’est la première fois que l’EI revendique une attaque sur le territoire israélien depuis 2017. Les images des caméras de surveillance de Hadera, une ville située entre Tel-Aviv et Haïfa, montrent les deux hommes ouvrant le feu en pleine rue.
Cinq arrestations
La police israélienne, qui a investi plusieurs maisons pendant la nuit dans la ville d’où sont originaires les assaillants, Umm Al-Fahm, a annoncé avoir découvert des armes et du matériel de propagande liés à l’EI. Douze personnes ont été arrêtées depuis.
Mais après les attentats de ces derniers jours, les services de renseignements intérieurs, le Shin Bet en particulier, sont critiqués pour ne pas avoir pris la menace de l’EI au sérieux. L’attaque de Hadera intervient après celle qui a eu lieu dans le sud du pays, à Beersheba, le 22 mars. L’assaillant, qui a tué quatre personnes au couteau et à la voiture bélier, a lui aussi été identifié comme un sympathisant de l’EI. Il avait été condamné en 2016 à quatre ans de prison pour avoir planifié de se rendre en Syrie afin de rejoindre le groupe.
« Une deuxième attaque par des partisans de l’EI à l’intérieur d’Israël oblige les forces de sécurité à s’adapter à la nouvelle menace », a réagi lundi le premier ministre, Naftali Bennett, appelant les « citoyens à continuer d’être vigilants ».
Dans ce climat fébrile, des voix montent, à droite, pour dénoncer le laxisme supposé de la police, et appeler les Israéliens à « sortir leurs armes des coffres-forts ». Au risque de raviver les tensions entre communautés, moins d’un an après la crise du printemps 2021, qui avait vu émeutiers juifs et arabes israéliens s’affronter dans plusieurs villes.
Lundi, les autorités militaires ont renforcé leur dispositif en Cisjordanie, craignant un effet de contagion. Plusieurs villages palestiniens, des deux côtés de la ligne verte, ont subi dans la nuit de dimanche à lundi des attaques suspectées d’être des représailles. Dans certaines localités dites mixtes, où vivent des citoyens juifs et arabes israéliens, ou bien encore dans le Néguev, des brigades d’autodéfense sont créées, suivant l’exemple des colons de Cisjordanie.
Un sommet inédit
A Umm Al-Fahm, l’une une des villes arabes les plus peuplées à l’intérieur des frontières de l’Etat juif, les autorités israéliennes ont décidé de déployer plusieurs unités de la police des frontières. Ce contingent de gendarmerie militarisée est généralement chargé de maintenir l’ordre à Jérusalem et dans les territoires occupés. Les deux victimes de la dernière attaque faisaient partie de ce corps.
Alors que le pays se prépare à une période de tensions à l’approche du ramadan, début avril, et de la pâque juive, mi-avril, les Palestiniens doivent manifester le 30 mars à l’occasion la Journée de la terre, qui commémore à travers tout le territoire le meurtre de six civils palestiniens par des policiers israéliens lors de manifestations en 1976.
L’attaque intervient également au moment où Israël accueille un sommet inédit des chefs de la diplomatie des Etats-Unis, de l’Egypte, des Emirats, du Bahreïn et du Maroc dans une localité du désert du Néguev pour discuter de la paix au Moyen-Orient et du programme nucléaire iranien.
Le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien ont tous deux applaudi à l’attentat dans deux communiqués séparés, le Hezbollah y voyant une réponse adéquate au « sommet de la normalisation ». Le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, a indiqué avoir « informé » les participants au sommet du Néguev. « Tous les ministres des affaires étrangères ont condamné l’attaque et transmis leurs condoléances aux familles des victimes. »