Décès de Yona Fischer, figure de la scène artistique franco-israélienne

Abonnez-vous à la newsletter

Yona Fischer est décédé ce jeudi 3 mars 2022 à Tel Aviv à l’âge de 89 ans. Ancien conservateur en chef du Musée d’art de Tel Aviv, le francophile a créé une véritable passerelle entre les scènes artistiques française et israélienne.

Né en 1932, Yona Fischer était une « figure incontournable de la scène artistique franco-israélienne », d’après la galeriste Jacqueline Frydman, présidente de l’Association du Musée de Tel Aviv, qui a communiqué la triste nouvelle de sa disparition. Le conservateur, auteur, commissaire d’expositions et officier des arts et des lettres s’est éteint à l’âge de 89 ans ce jeudi 3 mars 2022. Il a notamment été conservateur du Musée d’Israël et du Tel Aviv Museum of Art, fondateur de la biennale d’art Art Focus et du Musée d’art d’Ashdod (Israël) ainsi que conseiller pour l’exposition de Christian Boltanski au Musée d’Israël (Jérusalem) en 2019.

Un des plus grands conservateurs des musées israéliens

Pour Philippe Cohen, Art Advisor de la FIAC VIP, il était « sûrement le conservateur qui a marqué toute une génération d’artistes, de conservateurs de musées et de commissaires d’expositions, aussi bien en Israël qu’en France. » En 1965, Yona Fischer est invité par Willem Sandberg à rejoindre le Musée d’Israël, dès sa création, en tant que conservateur de l’art israélien et moderne. Lauréat du prix d’Israël en 1977, il a également assumé les fonctions de conservateur en chef du Tel Aviv Museum of Art de 1992 à 1993 et créé l’Israël Art Focus, biennale d’art en 1993. En 2003, il fonde le Musée d’art d’Ashdod dont il est le directeur jusqu’en 2010. La même année, Yona Fischer tient le commissaire d’une exposition de l’œuvre sur papier d’Arikha au Musée d’Israël et d’une grande rétrospective de Moshe Kupferman entre le Tel Aviv Museum of Art et le Musée d’Israël. En 2018, une nouvelle école de conservateurs de musées en Israël a choisi de porter son nom.

En plus d’avoir été par deux fois le commissaire général des expositions liées à l’Année d’Israël en France, Yona Fischer a été commissaire au Grand Palais de l’exposition « Israël à travers les âges » (1982) et commissaire de nombreuses expositions entre la France et Israël, à l’instar de « Peindre la lumière de la Méditerranée » au Musée d’Israël et au Musée Cantini (Marseille) en 1987 et « L’œuvre sur papier de Fernand Léger » au Musée d’Israël en 1989. Ayant également travaillé avec des centres d’art contemporain, il a tenu le commissariat des expositions « Là, Ici et ailleurs. Photographes israéliens » (2003) et « Habbah, Le grand maître des petites figures » (2004) au Passage de Retz à Paris.

Faire connaître les plus grands artistes français en Israël

Francophone et francophile, il a travaillé avec de nombreux artistes français tels que Christian Boltanski, Daniel Buren, Marie-Ange Guilleminot ou encore Annette Messager. « Grand spécialiste de l’artiste israélien Moshé Kupferman, il a fait connaître nos plus grands artistes français en Israël durant sa longue carrière », écrit Philippe Cohen dans un dernier hommage publié sur son compte Instagram. Durant six décennies, le conservateur en effet publié de nombreux catalogues d’exposition, des ouvrages sur l’art et des monographies, que ce soit sur les artistes français en Israël ou encore sur les chefs-d’œuvre du Musée d’Israël.

Toujours actif ces dernières années, Yona Fischer a été conseiller pour l’exposition de Christian Boltanski au Musée d’Israël en 2019, a contribué à l’acquisition d’un tableau de Moshe Kupferman par le Centre Pompidou à Paris en 2020 et a organisé une exposition de l’artiste Pessa’h Selewski au musée Herzliya (situé au nord de Tel Aviv) en 2021. Cinq jours avant son décès, il a reçu à son domicile Annette Messager avant l’exposition de celle-ci « Desires – Disorders » qui a ouvert le 28 février dernier au Tel Aviv Museum of Art. De même, la semaine auparavant, il a terminé la sélection des œuvres d’une future exposition d’Avigdor Arikha qui sera présentée au Musée d’Israël.

Agathe Hakoun

Source connaissancedesarts