La sociologue Amélie Chelly est l’invitée de Marianne TV. Elle nous parle de son dernier ouvrage, « Le Dictionnaire des islamismes », dans lequel elle expose les détournements de sens et les nouveaux concepts produits par l’islam radical.
« Taqiya », « koufar », « frères musulmans », « salafisme », et même « fréro-salafisme »… Les mots du terrorisme islamique se sont immiscés ces vingt dernières années dans le débat public français, les journaux et sur les chaînes de télévision. La sociologue, iranologue et politologue du monde musulman contemporain, Amélie Chelly est venue présenter à Marianne son dernier ouvrage : Le Dictionnaire des islamismes, paru en novembre 2021 aux éditions du Cerf. La chercheuse y consigne plus de 200 mots, leurs sens originaux ainsi que leurs définitions dévoyées par les prêcheurs radicaux. Un travail précieux tant le vocabulaire de l’islam radical est mal connu et surtout peu compris en France.
Succès fulgurant de l’islam politique
Un projet né notamment d’une expérience vécue par Amélie Chelly. La chercheuse a confié à Marianne comment un homme détenu pour des faits de terrorisme islamique, que tout le monde disait « déradicalisé » s’est un jour trahi en chantant une chanson : Ghouraba. Les paroles s’adressent aux musulmans en terre étrangère et appellent à la « taqiya », c’est-à-dire la dissimulation de la pratique radicale de l’islam. Si l’aumônier de la prison, qui a prévenu les services antiterroristes, n’avait pas bénéficié d’une fine connaissance du vocabulaire islamiste, il n’aurait rien repéré.
Amélie Chelly a décrit à Marianne ces concepts forgés par les islamistes, ceux-là qui ont été récupérés et dévoyés. Elle analyse surtout comment le langage est devenu un combat capital pour les partisans d’un islam politique, dont les termes connaissent parfois un succès fulgurant, en atteste la diffusion à très grande échelle de celui d’« islamophobie ».
Amélie Chelly, Dictionnaire des islamismes, éditions du Cerf, 596 p., 30 euros.