Enfant cachée pendant la Seconde Guerre mondiale, elle avait raconté son parcours dans un livre republié récemment par l’association Sous les couvertures. Sa bienveillance, son engagement et son charisme ont marqué tous les acteurs politiques.
Pour chaque personne qui l’a connue, elle est devenue une étoile. C’est pratiquement toute une ville attristée aujourd’hui par la disparition de Liliane Lelaidier-Marton à 91 ans, Argenteuil. Dans une commune régulièrement en proie à des querelles politiques intenses, pratiquement tous les élus et militants, quel que soit leur bord, ont rendu hommage à cette survivante du génocide nazi, aux convictions bien trempées et au charisme impressionnant.
Les hommages sont venus de tout le spectre politique, de Dominique Mariette (LO) qui a salué la « dame fraternelle » à Georges Mothron (LR) qui a rendu hommage à « une femme remarquable, une survivante aux convictions fortes et qui a su, toujours, aller au bout de ses idéaux et y rester fidèle ».
Liliane Lelaidier-Marton est décédée mercredi soir à l’hôpital d’Argenteuil. C’est son amie, Dalia Dumonet, la fleuriste de la rue Paul-Vaillant-Couturier chez qui elle se rendait tous les jours, qui a appelé les secours alors qu’elle était affaiblie. « Je l’avais déjà fait pour elle d’autres fois, confie Dalia Dumonet. On était tous les deux à ses côtés avec Monsieur Schneerson. Je pensais qu’on allait la requinquer. »
Elle voulait envoyer son livre au Mémorial Yad Vashem
Son dernier geste aura été de vouloir faire parvenir au Mémorial Yad Vashem à Jérusalem son livre dédicacé et récemment republié. « C’est une fois que j’ai eu le livre en main qu’elle a accepté que j’appelle les pompiers. Je pense qu’elle a fait quelque chose d’exceptionnel ce jour-là », souligne-t-elle.
Elle témoignait de son histoire auprès des jeunes
Ce « travail de mémoire » – expression qu’elle préférait à celui de « devoir de mémoire » – l’a accompagnée toute sa vie. Elle allait régulièrement dans les établissements scolaires pour évoquer ce passé douloureux. Elle était également présente aux cérémonies officielles en qualité de porte-drapeau de la fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes (FNDIRP).
Arrivée à Argenteuil, il y a environ trente ans, elle a milité notamment en faveur des sans-papiers. Elle a longtemps été membre du Parti communiste (le parti de ses parents) avec lequel elle a gardé des liens même après l’avoir quitté. Elle savait aussi s’affranchir de cette étiquette pour créer des passerelles avec d’autres organisations dont elle respectait les combats.