Des chercheurs israéliens ont réussi à fabriquer des implants de tissu neural pour réparer les lésions de la colonne vertébrale.
Pour la première fois, des chercheurs parviennent à réparer des lésions chroniques de la moelle épinière chez la souris avec des implants fabriqués à partir de cellules humaines. Un pas vers la guérison de la paraplégie et la tétraplégie, qui sera testé prochainement chez l’humain. L’exploit a été réalisé par des chercheurs du Centre Sagol de Biotechnologie régénérative de l’Université de Tel-Aviv (Israël), dont les résultats précliniques ont été présentés dans le journal Science Advances le 7 février 2022. Pour en savoir plus sur cette avancée potentiellement révolutionnaire, Sciences et Avenir a contacté le directeur de l’équipe, le Pr Tal Dvir.
Pour contourner ce problème, les chercheurs ont d’abord fabriqué le tissu neural en laboratoire avant de l’implanter. Pour ce faire, ils prélèvent du tissu gras d’un patient, dont ils séparent les cellules et la matrice extracellulaire. Les premières sont reprogrammées pour en faire des cellules souches pluripotentes induites (iPSC), qui, comme les cellules embryonnaires, ont la capacité de devenir n’importe quelle cellule du corps. Et la matrice extracellulaire est utilisée pour en fabriquer un hydrogel, dans lequel les cellules souches vont pouvoir se développer. Ensuite, les cellules sont traitées avec les mêmes molécules qui entrainent le développement de la moelle épinière dans l’embryon. Grâce à ce traitement, les cellules se différencient en neurones et au bout de 30 jours elles forment un tissu où ces neurones créent des réseaux neuronaux capables de transmettre de signaux électriques.
Certaines souris marchaient au bout d’une semaine
Leur implant a été testé chez des souris paralysées à cause d’une lésion de la moelle épinière : la moelle était coupée avec une incision six semaines avant le traitement, ce qui équivaut à environ un an chez l’humain. Puisque les réseaux neuronaux sont déjà fonctionnels dans l’implant, les cellules souches n’ont qu’à s’intégrer à la moelle, ce qu’elles parviennent à faire rapidement. Quelques souris traitées marchaient à nouveau à peine une semaine après l’implantation, et 80 % d’entre elles pouvaient marcher à la fin de l’essai.
L’implant devrait être testé chez l’humain dans deux ans
Convaincus que leurs implants de tissu neural peuvent être une solution à long terme contre la paralysie chez l’humain, les chercheurs ont créé l’entreprise de biotechnologie Matricelf, qui a déjà commencé à produire des implants pour des humains et est en discussion avec l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) pour préparer des essais cliniques chez l’humain, qu’ils espèrent pouvoir commencer d’ici deux ans. “Celle-ci pourrait être la solution pour permettre aux personnes avec paralysie de marcher à nouveau, s’enthousiasme Tal Dvir. Cette approche utilise uniquement des matériaux provenant du patient, donc il ne devrait y avoir aucun problème de rejet immunitaire. Et puisque le tissu s’intègre bien à la moelle épinière, cet implant devrait rester fonctionnel pendant toute la vie du patient !” Un espoir de guérison qui, selon le chercheur, dépasse les alternatives disponibles actuellement. “Les implants électroniques pour contourner les lésions de la moelle épinière sont des dispositifs formidables, mais pour le moment, ils ne permettent pas à la personne de mouvoir ses jambes d’elle-même, elle a besoin de presser un bouton pour envoyer une commande à l’implant électronique, rappelle-t-il. Alors que les implants de tissu neural leur permettraient de marcher par elles-mêmes, en contrôlant leur démarche naturellement, uniquement avec leur système nerveux.” Une belle promesse pour les paraplégiques, en espérant qu’elle fonctionne chez l’humain aussi bien que chez la souris.