La chronique publiée par Laura-Julie Perreault dans La Presse le 2 février portant sur le rapport d’Amnistie internationale qui accuse Israël d’imposer un « système d’oppression et de domination au peuple palestinien partout où il contrôle ses droits » et de commettre le crime d’apartheid, ne tient pas compte des critiques substantielles formulées à l’encontre du rapport de 280 pages d’Amnistie internationale.
Dans sa chronique, Laura-Julie Perrault qualifie de « bijou d’ironie » les propos de Yaïr Lapid, ministre des Affaires étrangères d’Israël, selon lesquels « Israël n’est pas parfait, mais c’est une démocratie attachée au droit international, ouverte à la critique ». L’ironie se trouve plutôt dans le fait d’accuser l’État hébreu des pires crimes contre l’humanité sachant que tout comme le Québec, Israël est une robuste démocratie bien établie, la seule véritable démocratie du Moyen-Orient, qui se caractérise par la tenue d’élections libres et justes, la protection des droits de la personne et l’égalité de tous ses citoyens devant la loi.
La chronique ne mentionne pas le fait que le rapport d’Amnesty répudie en fait la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations unies de 1947, qui approuvait le rapatriement d’un peuple autochtone, les Juifs, dans sa patrie ancestrale.
Il ressort clairement des références répétées à la fondation d’Israël en 1948 que rien d’autre que le démantèlement complet de l’État juif ne satisferait l’organisation.
En plus de nier au peuple juif son droit à l’autodétermination, Amnesty applique deux poids, deux mesures à l’État juif, s’opposant à toute politique qui touche à l’identité d’Israël en tant qu’État du peuple juif alors qu’elle ne s’oppose à aucun des 80 pays du monde qui ont un État et/ou une religion d’État. Amnesty utilise en outre des symboles et des images associés à l’antisémitisme classique, comme la référence au suprémacisme juif, la domination juive et la richesse des Juifs.
Les activistes et les politiciens arabes israéliens ont condamné le rapport, en faisant remarquer que, bien que des problèmes existent, Israël est diversifié et que le libelle d’apartheid n’est tout simplement pas approprié sur la base de leur expérience vécue. Amnesty nie également les faits sur le terrain, à savoir que les Arabes israéliens, qui représentent 21 % de la population, sont complètement intégrés dans tous les aspects de la vie, y compris la diplomatie, la médecine, le sport et le monde universitaire. On trouve des politiciens et des partis politiques arabes à la fois dans la coalition gouvernementale et dans l’opposition.
Alors que nous assistons à la normalisation des liens entre Israël et plusieurs pays arabes depuis entre autres la signature des Accords d’Abraham – ce qui a un impact significatif dans toute la région –, il est honteux de constater qu’Amniesty International attise les flammes de l’extrémisme et ne parvient pas à promouvoir la coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens ni à soutenir de véritables efforts visant la mise en place de la solution à deux États, la seule option réaliste pouvant permettre aux Juifs et aux Arabes de réaliser leurs aspirations nationales.
Richard Marceau
Vice-président, relations externes et avocat-conseil du centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), l’agence de représentation des fédérations juives du Canada.