Le premier ministre israélien Naftali Bennett affirme avoir été menacé en mai 2021 par son rival Benyamin Nétanyahou pendant les tractations pour la formation d’un gouvernement, dans une interview à un journal israélien publiée vendredi.
À l’époque, M. Nétanyahou, premier ministre sortant, comptait conserver son poste à l’issue des législatives de mars – les quatrièmes en moins de deux ans faute de gouvernement stable – mais M. Bennett, bien placé après le vote, cherchait avec d’autres partenaires à le chasser du pouvoir.
« Lorsqu’il a réalisé que je n’avais pas l’intention de le laisser entraîner Israël dans une cinquième élection, il m’a vraiment menacé », a affirmé Naftali Bennett au quotidien de gauche israélienne, Haaretz.
Selon l’entrevue, lors de la rencontre en mai, Benyamin Nétanyahou, ancien proche de M. Bennett, lui aurait dit : « Écoute, si je comprends bien ce que tu comptes faire, tu dois savoir que je vais lancer contre toi toute ma machine de guerre […] et nous verrons bien ». Selon Naftali Bennett, M. Nétanyahou parlait « de son armée de bots (logiciels NDLR), de groupes en ligne, de gens à la radio, à la télévision et sur les réseaux sociaux ».
Ces menaces auraient poussé M. Bennett, le leader de la droite nationaliste allié naturel du Likoud de Benyamin Nétanyahou, à mettre en place une alliance hétéroclite composée de partis de droite, de gauche, du centre et d’une formation arabe. « Alors quelque chose a changé pour moi. J’ai réalisé que […] si je ne prenais pas de décision, le pays ne s’en sortirait pas », poursuit Naftali Bennett qui a donc pris la tête en juin d’une coalition gouvernementale ayant mis un terme à 12 ans de règne ininterrompu de Benyamin Nétanyahou. M. Bennett a dit par ailleurs ne pas « souhaiter voir Benyamin Nétanyahou en prison ».
L’ex premier ministre est inculpé de corruption, d’abus de confiance et de malversation, dans une série d’affaires et son procès s’est ouvert en mai 2020. Plus pérenne des chefs de gouvernement de l’histoire d’Israël, M. Nétanyahou clame son innocence et accuse la justice d’avoir ourdi un « coup d’État » contre lui. Il a déclaré lundi refuser un accord de négociation de peine.