Albert Seifer, enfant caché pendant la Shoah, fut plus tard délégué régional du Comité français pour Yad Vashem. Il est décédé à l’âge de 86 ans.
Son décès a été annoncé ce jeudi 20 janvier sur Facebook par le Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne.
Avant d’honorer les époux Dreuilhe, le délégué régional de Yad Vashem, le Dr Albert Seifer allait en livrant son témoignage d’enfant caché, donner un relief particulièrement émouvant à cette cérémonie. «De décembre 1942 à mai 1944, j’ai été avec ma sœur Berthe et 84 autres enfants juifs, caché dans le couvent de Notre-Dame-de-Massip, à Capdenac. Je n’oublierais pas le courage de Sœur Bergon qui avait été influencée elle par la lettre pastorale de Mgr Saliège, l’archevêque de Toulouse qui lui avait demandé de participer concrètement au sauvetage des enfants juifs.»
Et Albert Seifer de poursuivre en rappelant l’itinéraire de son père résistant, déporté et survivant d’Auschwitz. «Après avoir fui dans les années trente avec sa famille l’antisémitisme en Pologne pour la France, il avait rejoint, en 1942, la Résistance, c’est au cours de la distribution de tracts clandestins, à Toulouse, qu’il a été arrêté. Torturé à la prison de Saint-Michel pendant trois mois, il n’a jamais parlé. Las, la Gestapo l’a fait déporté. Après trois jours sans manger, il est arrivé à Auschwitz où il a passé la première sélection, évitant de peu la chambre à gaz en levant la main lorsque les SS demandaient s’il y avait dans leur rang des coiffeurs. Mon père coiffeur ! C’était un commerçant en textile (rires)».
Et poursuivant avec une émotion qu’il ne pouvait dissimuler : «Il a rasé et tondu les déportés du camp et les SS. Lors d’une nouvelle sélection pour la chambre, il a été, encore, sauvé ; cette fois par un SS qu’il avait rasé. La troisième fois, il savait que c’était la bonne. Ce jour-là, il s’est mis à courir dans le camp et non sans avoir reçu des coups de crosse d’un SS, il a déboulé dans le bloc médical du camp où les médecins l’ont caché sous des planches.»
Mais le calvaire, du Toulousain n’en était pas encore terminé. «Janvier 1945, Auschwitz a été évacué (devant l’avancée des Alliés, les nazis tentant d’effacer les preuves des camps d’extermination, ndlr), mon père a fait partie de la Marche de la mort pour Mathausen dont il a survécu. Ce n’est finalement qu’en avril 1945 qu’il a été libéré par les Américains. Il pesait 38 kg. Il restait encore trois mois en Allemagne pour aider les Américains à trouver les SS cachés.» Et de conclure en larmes : «La plus grande joie de ma vie fut de retrouver mon père dont j’avais été séparé pendant deux ans et demi.»