Après une enquête de plus de 5 ans, une piste mène à un notaire juif, Arnold van den Bergh, qui aurait livré la famille d’Anne Frank aux nazis pour sauver sa propre famille.
Une équipe internationale d’enquêteurs révèle ce lundi le nom de celui qui aurait trahi la famille d’Anne Frank en 1944 et transmis l’adresse de la cachette aux nazis. Après cinq ans d’enquête, l’équipe internationale publie ce lundi un livre « Het verraad van Anne Frank », (« Qui a trahi Anne Frank ? », publié par HarperCollins France, sera disponible ce mercredi) dans lequel elle livre ses conclusions. Le Volkskrant a eu l’occasion d’interroger l’agent américain du FBI Vince Pankoke qui a dirigé l’enquête.
L’équipe a utilisé les techniques de recherche les plus pointues, examiné des centaines de milliers de documents dans huit pays et interrogé 70 personnes, avant d’arriver à la conclusion que l’adresse de l’annexe secrète avait été révélée par le notaire Arnold van den Bergh, membre du Conseil juif d’Amsterdam. Il a sans doute transmis une liste d’adresses de cachettes au Sicherheitsdienst (service de renseignement de maintien de l’ordre de la SS) en échange de la protection de sa famille. Si on ne sera jamais certain à 100 % de l’identité de l’homme qui les a trahis, c’est le scénario qui a été jugé le plus probable par l’équipe sur une trentaine de pistes étudiées.
Des éléments troublants
Plusieurs éléments viennent corroborer cette hypothèse. Otto Frank (le père d’Anne, seul survivant de l’annexe, ndlr) a reçu une note dans sa boîte aux lettres après la libération : « Votre cachette à Amsterdam a été signalée à l’époque à Jüdische Auswanderung d’Amsterdam (agence qui a organisé la déportation des juifs, ndlr), Euterpestraat, par A. van den Bergh, qui habitait à l’époque près du Vondelpark, O. Nassaulaan. Le J.A. avait toute une liste d’adresses qu’il donnait ». Si la note originale n’a jamais été retrouvée, une copie réalisée par Otto Frank lui-même est arrivée dans les mains des enquêteurs.
Pourquoi Otto Frank n’a-t-il jamais rien dit ? Les enquêteurs émettent l’hypothèse qu’il a même cherché à cacher la complicité du notaire, peut-être pour ne pas accabler ses enfants ou pour ne pas attiser la haine antisémite (ils ont ainsi été trahis par un Juif néerlandais respecté et pas par des nazis ou des collabos). Otto Frank aurait pu aussi comprendre que le notaire était confronté à un dilemme horrible : la protection de sa famille contre la dénonciation de membres de sa communauté. Le notaire Arnold van den Bergh est décédé en 1950.