240.000 shekels, c’est le montant proposé à une ancienne employée de la Bibliothèque nationale d’Israël, pour acheter son silence par David Blumberg, président du conseil d’administration de l’établissement.
Si ce dernier vient de présenter sa démission, pour mettre fin aux polémiques, il dénonce un scandale monté de toutes pièces par d’anciens ennemis — pas très clairement identifiés.
Trop vieux, trop fatigué pour se battre, voilà ce que rétorque le président du Conseil d’administration de la Bibliothèque : moralité, il opte pour la démission plutôt que pour la lutte. Ce départ tire ses origines d’une sale affaire : il aurait proposé la somme de 240.000 shekels (près de 68.000 €) pour faire taire une jeune femme, et l’empêcher de porter plainte pour harcèlement sexuel.
Ainsi, en 2020, David Blumberg aurait versé la somme, en échange d’un accord interdisant le moindre commentaire sur ce cas de harcèlement. Mais dans son courrier de démission, Blumberg rétorque être surtout « victime d’une attaque féroce et vicieuse, motivée par une vengeance politique et personnelle ». Une série d’attaques visant « à salir mon intégrité, mes motivations et ma conduite. Des attaques d’une telle ampleur et d’une telle puissance qu’elles ont considérablement nui à ma réputation, position que j’avais acquise au cours de longues années d’honnête travail. »
À 77 ans, il quitte son poste pour protéger sa famille, de même que l’établissement, assure-t-il. Toutefois, sans nier les accusations portées contre lui, il affirme qu’elles comportent des éléments sans fondement et exagérés.
Des liens et des dossiers
Channel 13, qui avait diffusé un reportage consacré à cette affaire et mettant le feu aux poudres, en dévoilait beaucoup : Blumberg aurait demandé à son avocat de rédiger un accord ayant vocation à demeurer secret. L’ancienne employée aurait fait parvenir un email exigeant que cesse toute forme de harcèlement tant physique que verbal. L’accord signé, l’argent versé, et plus personne ne devait entendre parler de cette affaire.
Pourtant, les liens de David Blumberg avec l’ancien procureur de la République, Shai Nitzan — depuis nommé à un poste d’importance au sein de la Bibliothèque — ainsi que d’autres amitiés, lui auraient porté préjudice. D’autant que Nitzan fut l’une des figures essentielles dans une affaire de corruption lancée contre l’ancien Premier ministre, Benyamin Netanyahou.
Quant à la victime présumée de Blumberg, de plusieurs décennies plus jeune, elle était plus directement rattachée à l’ancien président du Conseil qu’à l’établissement lui-même. Elle refuse de s’exprimer officiellement dans les médias et, pour l’heure, n’a toujours pas été identifiée.
De son côté, la Bibliothèque a simplement salué le départ de Blumberg — qualifié de très autoritaire par un responsable — et son apport dans le renouvellement des lieux, au cours des dernières années.