Des chercheurs ont mené des analyses sur le contenu d’une fosse découverte sous des toilettes en pierre vieilles de 2.700 ans à Jérusalem. Les résultats ont mis en évidence de nombreux parasites, indiquant que l’élite de l’époque souffrait aussi de maladies et d’infections liées aux mauvaises conditions d’hygiène.
Quelques mois après l’annonce de leur découverte, des toilettes antiques ont livré une découverte inattendue sur les individus qui les fréquentaient : leurs entrailles étaient infestées de parasites. C’est ce que révèle une nouvelle étude qui paraitra en mars prochain dans la revue International Journal of Paleopathology.
Les toilettes en question sont apparues à l’automne 2021 lors de fouilles préventives menées dans le quartier d’Armon Hanatziv à Jérusalem. Les observations ont permis de déterminer que la structure en pierre, percée d’un trou en son centre, remontait à la période dite du Premier Temple, entre le Xe et le VIe siècle avant J.-C.
Plus précisément, les archéologues suggèrent qu’elle appartenait à un « ancien domaine royal » en fonction au VIIe siècle avant J.-C. A cette époque, les toilettes privées constituaient en effet un privilège que seules les personnes les plus aisées pouvaient se permettre. Et les découvertes demeurent très rares.
Quatre types de vers intestinaux
La nouvelle étude a porté sur des échantillons prélevés dans la fosse située sous la structure en pierre. Les analyses ont révélé la présence de quatre types différents de vers intestinaux : des nématodes appelés Trichuris trichiura, des ascaris lombricoïdes, des ténias et d’autres vers appelés Enterobius vermicularis ou oxyures.
« C’est l’apparition la plus précoce d’ascaris et d’oxyures dans le registre parasitologique de l’Israël antique« , précisent les auteurs dans leur rapport. Les deux premiers types de parasites – les Trichuris trichiura et les ascaris lombricoïdes – étaient les plus abondants mais tous se sont manifestés sous la forme d’œufs.
« Ce sont des œufs durables, et sous les conditions spéciales fournies par la fosse, ils ont survécu pendant près de 2.700 ans« , a précisé dans un communiqué le Dr. Dafna Langgut de l’université de Tel Aviv qui a dirigé l’étude. Et leur présence en dit long sur la santé et les conditions dans lesquelles vivaient les utilisateurs de ces toilettes privées.
« Les vers intestinaux sont des parasites qui peuvent causer des symptômes tels que des douleurs abdominales, des nausées, des diarrhées et des démangeaisons. Certains sont particulièrement dangereux pour les enfants et peuvent conduire à de la malnutrition, des retards de développement et dans les cas extrêmes, même la mort« , a-t-il poursuivi.
De mauvaises conditions d’hygiène
La découverte de ces parasites indique que, malgré leur statut élevé, les élites de l’époque n’échappaient pas aux maladies et infections liées aux mauvaises conditions d’hygiène. La plupart de ces vers, qui existent encore aujourd’hui, se transmettent en effet via une contamination fécale de la nourriture ou de l’eau ou un manque de lavage des mains par exemple.
Les ténias eux, infectent généralement leurs hôtes via la consommation de viande de porc ou de bœuf insuffisamment cuite. Or, en l’absence de traitement à cette époque, il était très difficile de se débarrasser de ces parasites une fois contaminés. Autant d’éléments qui laissent penser que ce genre d’infections était largement répandu et durable dans la population d’il y a 2.700 ans.
« Des études comme celle-ci nous aident à documenter l’histoire des maladies infectieuses dans notre région et nous fournissent une fenêtre sur la vie des populations dans l’Antiquité« , a appuyé le Dr. Langgut. De prochaines analyses des sédiments sont prévues pour en apprendre davantage sur le régime alimentaire et les herbes médicinales utilisées durant cette période à Jérusalem.
Quant aux toilettes, les observations laissent penser qu’elles étaient peut-être autrefois entourées de murs en pierre voire d’un toit. La mise en évidence de pollen de pins suggère cependant qu’elles étaient aussi pourvues d’une fenêtre ou d’une ouverture, à moins que les plantes n’aient été utilisées pour couvrir l’odeur qui s’en échappait, d’après les chercheurs.
« Les toilettes étaient un symbole de richesse, une installation privée que seuls les riches pouvaient s’offrir », rappellent les auteurs dans leur rapport. Ainsi, « la présence de toilettes intérieures était peut-être davantage une question de commodité qu’une tentative d’améliorer l’hygiène personnelle« , supposent-ils.