Noam Huppert a été condamné à rester en Israël jusqu’au 31 décembre 9999 s’il ne verse pas l’équivalent de 2 millions d’euros de pension à son ex-épouse.
31 décembre 9999. Cette date, si lointaine qu’il est impossible de se la représenter, est gravée dans l’esprit de Noam Huppert, 44 ans. À cette échéance, cet Australien qui vit en Israël pourra quitter le territoire de l’État hébreu. S’il veut pouvoir rentrer chez lui avant ce délai de 7 978 années, il devra verser une somme de quelque 7,5 millions de shekels (plus de 2 millions d’euros) à son ex-épouse. Ainsi en a décidé un tribunal israélien en 2013, dans un jugement fixant le montant de la pension alimentaire destinée à leurs deux enfants, rapporte le quotidien britannique The Guardian, mardi 28 décembre 2021.
1 400 € de pension alimentaire par mois et par enfant
L’histoire remonte à 2011. À l’époque, l’ex-épouse de Noam Huppert, qui résidait jusqu’alors avec lui en Australie, retourne vivre en Israël, son pays d’origine. Leurs deux enfants, respectivement âgés de 3 mois et de 5 ans à l’époque, sont du voyage. Leur père les rejoint l’année suivante et s’expatrie en Israël.
En 2013, dans des circonstances que les médias qui rapportent cette histoire ne précisent pas, son ex-épouse porte l’affaire de leur divorce devant un tribunal israélien.
Les juges condamnent Noam Huppert à payer une très grosse pension alimentaire : l’équivalent de plus de 1 400 € par mois et par enfant, jusqu’à ce que tous deux atteignent l’âge de 18 ans ! Ce qui représente au total plus de 2 millions d’euros, selon les calculs du Guardian.
Le tribunal interdit à l’Australien de quitter le territoire israélien tant qu’il ne s’est pas acquitté du versement de cette somme. C’est une disposition prévue par la législation israélienne, afin de s’assurer qu’une personne n’échappe pas à ses obligations légales, précise le cabinet d’avocats israélien Cohen, Decker, Pex & Brosh.
Le tribunal qui a condamné Noam Huppert a également fixé l’échéance à laquelle il pourra quitter le pays même s’il n’a pas versé ces 2 millions d’euros : le 31 décembre 9999. Pourquoi cette date ? Il semblerait que ce soit l’échéance la plus éloignée possible que l’on puisse saisir dans le système informatique de la justice israélienne, précise encore The Guardian…
« Je suis bloqué en Israël depuis 2013 »
Noam Huppert ne précise pas s’il a déjà effectué des paiements, ou s’il peut verser l’intégralité de la pension en une fois, afin de pouvoir quitter Israël quand il le souhaite. Mais dans tous les cas, il semblerait que ce chimiste de profession n’ait pas les moyens de s’acquitter de cette somme. Résultat : « Je suis bloqué en Israël depuis 2013 », confie l’homme au média australien news.com.au.
L’Australien n’est pas la seule personne à être dans cette situation : dans ses conseils aux voyageurs, le département d’État américain en charge des Affaires étrangères met en garde ses ressortissants sur ces décisions de justice : « En Israël, les juridictions civiles et religieuses font activement usage de leur autorité pour empêcher certaines personnes, y compris des non-résidents d’Israël, à quitter le pays jusqu’à ce qu’ils aient réglé des dettes ou résolu des problèmes d’ordre légal », y lit-on.
Les autorités américaines indiquent encore que les tribunaux religieux, compétents en matière de divorce pour les citoyens ou résidents, peuvent se prononcer sur des mariages qui se sont déroulés hors du territoire israélien.
« L’ambassade des États-Unis n’est pas en mesure d’annuler les dettes de citoyens américains ni de garantir leur départ d’Israël quand ils sont sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire » du genre, prévient encore le département d’État américain.