La high-tech israélienne enregistre une hausse de 136% des investissements par rapport à 2020 et une explosion du nombre de ses licornes. Au-delà des chiffres, le secteur connaît aussi une évolution qualitative qui tend à préserver davantage un management israélien.
Les déboires récents de la société israélienne NSO avec son logiciel espion Pegasus vendu dans le monde entier pour espionner les smartphones n’auront pas affecté le développement de la high-tech israélienne, y compris dans le domaine de la cybersécurité, qui est l’un des secteurs phares en termes d’investissement. Au contraire même, 2021 s’avère être une année de nombreux records pour la high-tech israélienne. D’abord, sur les onze premiers mois de l’année, le secteur a engrangé près de 25 milliards de dollars, soit une hausse de 136% par rapport à 2020. Ce taux est presque le double de celui observé dans le monde qui est de 71%. Il est de 78% aux Etats-Unis, 105% au Royaume-Uni et 95% à Singapour.
Cybersécurité, fintech et structures informatiques ont bénéficié du raz-de-marée
Le record des tours de table a été battu par la société Trax avec 640 millions de dollars consolidant ainsi son statut de licorne acquis en 2020. Cette entreprise israélo-singapourienne fondée par deux Israéliens, Joel Bar-El et Dror Feldheim, emploie près de 200 personnes en Israël. A l’aide de robots dotés de caméras « intelligentes » qui servent de vigie H24 dans les allées d’entrepôts ou de supermarchés, Trax donne la possibilité de faire un inventaire permanent, d’alerter sur des mises en place incorrectes de produits et propose des agencements performants pour optimiser les ventes. Tout ce dont un gestionnaire et responsable marketing de produits de grande consommation peut rêver.
Sur le plan qualitatif, les secteurs qui ont le plus bénéficié de ce raz-de-marée sont la cybersécurité, la fintech et les structures informatiques. Ces trois catégories représentent 65% des investissements contre 52% un an plus tôt. Le secteur de la santé a continué à progresser, mais au même rythme que les années précédentes. La majorité des investissements s’est faite sous forme de capital risque israéliens et étrangers, principalement américain et plus précisément californien. En effet, les liens entre la Silicon Valley et la Silicon Wadi –un des noms donnés à la high-tech israélienne- n’ont fait que se renforcer au fil des années. D’après des chiffres du Bay Area Council Economic Institute, fin 2020, 478 start-up israéliennes avaient des bureaux en Californie. Et cet Etat américain abrite 22 licornes technologiques fondées par des Israéliens, le chiffre le plus élevé de tous les Etats-Unis.
La high-tech israélienne reste de plus en plus dans le giron israélien
Cependant, Shuly Galili, cofondatrice de UpWest qui finance un incubateur de start-up israéliennes sur le marché américain, souligne une évolution du lien entre la high-tech israélienne et les Etats-Unis. « S’il y a une vingtaine d’années, il était clair que les grandes entreprises technologiques américaines, notamment en implantant un centre de R&D en Israël, avaient un impact significatif sur notre développement, aujourd’hui on constate aussi que les start-up israéliennes ont un impact significatif en Californie dans de nombreux secteurs économiques. »
Et en dépit de cette relation forte avec les Etats-Unis, la high-tech israélienne tend de plus en plus à rester dans le giron israélien, que ce soit sur le plan financier ou sur le plan managérial. Désormais, 50% des licornes israéliennes conservent une direction générale en Israël, maintenant une gestion israélienne –marketing, ventes, finances-, alors qu’il y a quelques années, l’investissement massif étranger impliquait presque systématiquement un abandon total du management. Or, sur le plan financier aussi, il y a une évolution ;cette année, 39 start-up israéliennes ont été achetées par des entreprises israéliennes.
Catherine Dupeyron (correspondante à Jérusalem)