Le site construit en 1993, très délabré, devait fermer en octobre. Un sursis de deux ans a finalement été décidé mais les commerçants ne cessent de dénoncer la négligence de l’exploitant.
Le bâtiment de béton et de carrelage tremble à chaque fois qu’un autocar entre ou sort. Les escaliers de la gare routière de Tel Aviv, en Israël, sont sales et puants et les ascenseurs douteux. Rika attend son bus pour aller sur la mer Rouge : « Dès la première fois, je n’ai pas du tout aimé ce lieu car il y avait beaucoup de gens pas très sympathiques. J’ai eu un peu peur de me balader ici. En allant aux toilettes, j’ai vu un sans-abri dormir là bas, ce n’est pas agréable. C’est une gare désagréable. »
240 000 mètres carrés, six fois le forum des Halles à Paris… La deuxième plus grande station routière au monde, inaugurée il y a 28 ans, est aujourd’hui menacée de fermeture. Dans les couloirs de l’interminable galerie, les commerçant accusent la société exploitant la gare de l’avoir volontairement laissée pourrir. Sollicités, ses dirigeants n’ont pas souhaité répondre aux questions de franceinfo.
Gilad, patron d’une animalerie analyse ainsi la situation : « Les financiers poussent très fort pour intégrer le bâtiment dans un nouveau projet de développement urbain. Et ils veulent que les propriétaires des magasins s’en aillent sans avoir à les dédommager. Le lieu est négligé et on se retrouve dans la situation où les pompiers ont imposé la fermeture des lieux, ce qui n’était pas prévu par les exploitants qui ne veulent pas payer ! Je me bats pour ce qui m’appartient. C’est un commerce dans lequel je suis depuis 18 ans et je ne partirai pas de sitôt. »
Depuis l’ordre de fermeture administrative en octobre, le nettoyage de la gare n’est plus fait, l’air conditionné est coupé et plusieurs portes d’entrées sont fermées à clé. Isaac, agent de sécurité, ne comprend pas cette situation : « Je pense que c’est dommage de fermer la gare centrale. Beaucoup de commerces et de personnes vont perdre leur travail. Si les pompiers disent ça, c’est que des vies humaines sont en danger. Dieu nous en préserve, si un incendie avait lieu, ce serait un problème. Mais je pense qu’ils devraient réparer et puis continuer. »
« Une culture accessible »
Au théâtre Karov, ouvert en 2003, au coeur de la gare, Erika sa directrice de production veut poursuivre l’aventure : « On s’inscrivait dans un projet de rapprochement avec les gens en proposant une culture accessible pour se rencontrer et dialoguer. La situation était déjà difficile ces dernières années. Doucement, des gens en ont remplacé d’autres ici mais nous sommes restés malgré tout. »
La gare routière de Tel Aviv, à seulement un kilomètre de la mer Méditerranée, aurait dû fermer dimanche 5 décembre. Elle est en sursis pour deux ans mais demeure indigne de la « start-up nation » israélienne et de la ville la plus chère du monde selon The Economist, où le moindre mètre carré est très convoité.