Acteur de nombreuses comédies comme «Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu?», Ary Abittan a vu tous ses projets stoppés net après sa mise en examen pour viol. Portrait.
Il a quitté son quartier des Champs-Élysées et se serait réfugié à la campagne. Ary Abittan était en plein tournage d’une série pour M 6 et s’apprêtait à remonter sur scène pour y présenter son nouveau one-man-show quand il a vu sa carrière brutalement suspendue. Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire le 2 novembre après des accusations de viol, le comédien de 47 ans a été écarté de la fiction de la Six : les scènes qu’il avait tournées depuis le 11 octobre pour « L’homme de nos vies », production en quatre épisodes dans laquelle il interprétait un homme qui séduit des femmes pour les escroquer, seront effacées et réalisées à nouveau avec l’acteur Jonathan Zaccaï. Quant à son one-man-show « Pour de vrai », un « stand-up familial » sur son divorce, sa famille et ses enfants, les premières dates ont été annulées. Si son producteur refuse pour l’instant de communiquer, les autres prendront très vraisemblablement le même chemin.
Depuis dix ans, Ary Abittan est pourtant l’un des visages les plus populaires du cinéma et de la télévision. Connu comme le « gendre juif » de Christian Clavier et Chantal Lauby dans « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? », l’acteur a aussi joué dans vingt et une autres comédies, dont « La Grande boucle », « Les Visiteurs : la Révolution », « Débarquement immédiat ! », « À bras ouverts » ou « Je vais mieux ». Il a également tourné dans neuf séries ou téléfilms, comme le très émouvant « Apprendre à t’aimer » pour M 6, dans lequel il jouait le père d’une enfant trisomique.
Pilier de bandes et grand angoissé
Depuis onze ans, celui qui est décrit, tant sur les plateaux qu’en privé, comme « tchatcheur », « extraverti », « toujours à fond » voire « survolté » s’invite par ailleurs régulièrement dans le salon des Français à travers « Ce soir avec Arthur », puis « Vendredi tout est permis » sur TF1. Signe de la consécration, Ary Abittan a rejoint la troupe des « Enfoirés » en 2019. Pilier de bandes, il poursuit aussi sa carrière d’humoriste en solo, là où son sourire ultra-large de séducteur, son bagout et son personnage de gentil macho l’ont fait connaître.
Son dernier one-man-show, joué entre 2017 et 2018, avait rencontré un immense succès. Dans ce spectacle autobiographique intitulé « My Story », le quadragénaire parlait de son père marocain, de sa mère tunisienne et omniprésente, de sa jeunesse à Sarcelles dans le Val-d’Oise, de ses débuts comme vendeur de clémentines sur le marché. Et, surtout, de son divorce avec sa femme, rencontrée à 20 ans et épousée à 24.
Entre deux danses sur du Justin Timberlake, du Beyoncé ou une musique orientale, Ary Abittan se décrivait comme un grand angoissé, qui déteste les vacances et souffre de « phobie d’impulsion », « la peur de dire ou de faire des choses complètement insensées à un moment où ça ne se fait pas ». Ce qu’il qualifiait avec humour de « séance de psy » publique, le comédien l’avait prolongée par des confidences dans la presse, où il évoquait son « hypocondrie », révélait qu’il n’était « pas fait pour la vie de couple » même s’il aimerait « retomber fou amoureux ». Et s’avouait hyper protecteur avec ses trois filles adolescentes, aujourd’hui âgées de 16, 20 et 21 ans.
Une rencontre décisive avec Gad Elmaleh
Avec « My Story », Ary Abittan était à l’apogée d’une carrière qui a pris son temps. Chauffeur de taxi comme son père à 20 ans, vendeur sur les marchés donc, serveur aussi, il a commencé à faire des sketchs dans son taxi avant d’investir les restaurants et les petites salles. À 28 ans, il joue devant une salle comble à l’Olympia… mais c’est en première partie d’Enrico Macias, que son père a rencontré dans son propre taxi. « Je n’oublierai jamais ça », nous avait confié l’acteur, par ailleurs fou de variété française, de Gilbert Bécaud à Serge Lama, en passant par Daniel Guichard… et Macias. Depuis, « Enrico » ne rate pas un spectacle d’Ary et les deux artistes adorent parler de leur passion commune pour le PSG, qu’ils partagent avec leurs copains Patrick Bruel ou Gérard Darmon.
Mais après l’Olympia, l’acteur attend encore sept ans avant de faire une rencontre décisive : celle de Gad Elmaleh. Ce dernier le repère dans un restaurant et flashe sur sa gestuelle et son sens de l’observation. Il lui offre alors le rôle de Max dans « Coco ». Du pain bénit puisque avec son invention de la « kippacabana », une « kippa avec des plumes pour faire la fête », ce personnage devient culte. Au même moment, Gad Elmaleh décide de produire son premier one-man-show au Petit Palais des Glaces. Galerie de personnages névrosés, « À la folie » sera même coécrit et mis en scène par Judith Elmaleh, la sœur de Gad.
« Vous voyez une seule émission de télé qui va l’inviter à rigoler sur un plateau ? »
En 2014, la notoriété d’Abittan monte encore d’un cran quand il décroche un second rôle dans « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? ». Il y incarne l’un des quatre gendres de Christian Clavier – le juif tunisien – dans cette comédie aux 12 millions d’entrées, sixième plus gros succès français de l’histoire du box-office. Selon le dossier de presse du film, c’est Philippe de Chauveron, le réalisateur, qui a jeté son dévolu sur le comédien, estimant qu’il est « séduisant et drôlissime » et « offre ce mélange unique entre George Clooney et Francis Blanche ». après le deuxième volet « Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? », il rejoint le casting de « La Vertu des impondérables » de Claude Lelouch, avec lequel il tournera à nouveau, en 2020, « L’amour c’est mieux que la vie ».
Ce dernier long métrage doit sortir le 19 janvier, deux semaines avant « Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon Dieu ? », le troisième volet du « Bon Dieu », et deux mois et demi avant « Ducobu Président ! » d’Élie Semoun, dans lequel joue aussi Abittan. Si les dates de sortie de ces trois films sont pour l’instant confirmées, il ne fait aucun doute que l’acteur ne participera pas à leur promotion. De même, sa présence aux prochains concerts des Enfoirés paraît impensable aujourd’hui, comme tout autre projet professionnel, du moins tant que l’instruction est en cours.
Par Catherine Balle