Utilisée aujourd’hui pour parler d’une personne sur laquelle on fait retomber les fautes des autres, le « bouc émissaire » est ce coupable idéal, à qui tous les torts sont attribués même s’il est en partie ou totalement innocent du méfait qu’on lui reproche.
Bien qu’elle soit largement utilisée de nos jours, l’expression puise ses racines dans l’Histoire. Nombre d’exemples historiques attestent de l’utilisation de l’expression, comme dans le cadre de l’Affaire Dreyfus, en France. Capitaine juif, Alfred Dreyfus avait été condamné à tort en 1894 – tandis que ses accusateurs connaissaient son innocence – pour espionnage en faveur de l’Allemagne. Alfred Dreyfus était, en réalité, un « bouc émissaire » alors que la communauté juive était pointée du doigt.
Une allusion à la Bible
Comme le rappelle l’ethnologue et archéologue française, Françoise Claustres, dans son livre « C’est David contre Goliath! (Artège) », l’origine de « bouc-émissaire » se trouve dans une scène de l’Ancien Testament. « Dieu demande que le grand prêtre, après avoir sacrifié un bouc, prenne un bouc vivant, mette sur la tête du bouc tous les péchés du peuple, puis le chasse dans le désert. »
Annuellement, à l’occasion de Yom Kippour, le jour du Grand Pardon chez les Juifs, le grand prêtre de Jérusalem choisissait un bouc en le tirant au sort. Désigner une victime et lui attribuer tous les péchés responsables de la douleur et du désespoir d’une communauté permettait, en effet, de concentrer en un seul point ce qu’il faut sacrifier.
Le prêtre posait ses mains sur la tête de l’animal afin de lui transmettre tous les péchés du peuple d’Israël, avant de le chasser vers le désert et le démon Azazel. Le bouc émissaire emportait donc avec lui les fautes et les maux d’autres pécheurs vers une mort inéluctable.
Ce rituel a ensuite donné lui à l’expression reprise dans le langage courant dès la fin du XVIIe siècle.