Boris Bergman, célèbre parolier et auteur de succès d’Alain Bashung, fait entendre sa voix le temps d’un concert de chants yiddish, dans le cadre du festival Jazz’n’ Klezmer, qui remet à l’honneur une musique juive née en Europe centrale et engloutie par la Shoah.
« Ce n’est pas un retour aux sources, car elles (ses racines juives et sa culture yiddish) ne m’ont jamais quitté. Ce n’est pas non plus un retour à l’enfance car je pense ne jamais vraiment l’avoir quittée. Tout simplement, ça fait partie de moi », explique Boris Bergman, petit air espiègle, regard affûté, feutre gris et perfecto, quelques jours avant le concert Yiddish Rock, dimanche au club de jazz parisien New Morning. « C’est ce que les psychologues appellent +l’innutrition+, cette culture qui te nourrit à ton insu », poursuit-il.
Parolier réputé, fils d’émigrants juifs d’Ukraine ayant fui les pogroms, Boris Bergman a bien failli ne jamais voir le jour. Son père, ingénieur, puis pharmacien, chanteur semi-professionnel, fut en effet incarcéré et détenu à Drancy avant d’échapper de justesse à la déportation.
« Le chant des partisans de Vilna », « Der Philosophe », « Papirossen », « Avram Marvikher », figurent parmi les classiques du répertoire yiddish que l’artiste interprétera lors de ce concert, et dont il donnera les clés en en donnant le sens en français.
Derrière « +Les chants des partisans de Vilna+, un tango militaire russe détourné, il y a une symbolique énorme », explique Boris Bergman. « C’était un chant des partisans du ghetto de Varsovie ». « Toutes ces chansons auront un fort accent blues, rock et country, précise-t-il, relevant de « nombreux points communs entre la chanson yiddish et le blues ».
« Vertige de l’amour » en yiddish
« Comme les chansons en yiddish sont toujours un peu tristounettes », Boris Bergman proposera aussi des versions en plusieurs langues – yiddish, français et anglais – de « Gaby oh Gaby » et « Vertige de l’Amour », méga-tubes de Bashung figurant sur ses deux premiers albums.
Né à Londres en 1944, arrivé en France à quatorze ans, cet auteur qui possède la double culture proposera aussi une version de « Rain and Tears », la célébrissime chanson du groupe grec Aphrodite’s Child des années 60, dont il a également écrit les paroles.
Son concert revêt un caractère exceptionnel, car Boris Bergman n’a chanté sur scène qu’en de très rares occasions. « Toutes les chansons que je vais chanter sur scène, je ne les ai chantées que sous ma douche ou presque, j’ai toujours été un chanteur de douche », sourit-il.
Son concert, où il sera accompagné de trois musiciens dont le bassiste Brad Scott, longtemps complice d’Arthur H, constituera l’un des grands rendez-vous de la 19e édition du festival Jazz’n’ Klezmer (4-18 novembre).
Dans le domaine du klezmer, une musique née dans les communautés juives d’Europe centrale et orientale ayant connu son apogée au XIXe siècle avant d’être engloutie par la Shoah, le festival convoquera deux acteurs majeurs de son renouveau en Europe dans les années 1990: le pianiste français Denis Cuniot, qui en donnera une lecture chambriste et en révèlera l’influence tzigane, et le Amsterdam Klezmer Band, qui en perpétue le côté festif et impertinent.
L’Israélien Gilad Harel, lui, incarne un autre courant d’un klezmer qui se nourrit d’autres influences, en l’occurrence le dixieland. Avec au cœur du sujet la clarinette, instrument commun à ces styles.
Dimanche 7 nov. 17h New Morning – le Quartet Moins 1 (+ 1) tarif : 25€ pt (20€ tr*) fait son Yiddishrock
dans un premier temps cela m’a contrarié, hier vers 17h, de tomber sur l’affichette CONCERT COMPLET mais presque aussitôt j’ai été heureux à l’idée que les gens avaient été nombreux