À travers l’histoire de Jacques Schiffrin, créateur de La Péiade, l’historien Amos Reichman propose aussi une histoire du Paris de la Seconde Guerre mondiale et de l’édition au XXe siècle.
Un retour sur l’œuvre du créateur de La Pléiade, collection aujourd’hui prestigieuse de la littérature française, dans une époque marquée par la guerre, l’antisémitisme et les évolutions du monde éditorial. C’est ce que propose Amos Reichman, historien, enseignant à Sciences-Po et haut fonctionnaire. Il publie « Jacques Schiffrin. Un éditeur en exil » (Seuil, octobre 2021), finaliste du prix Fémina dans la catégorie “Essais » et préfacé par l’historien Robert O. Paxton.
Le livre commence à la naissance de Yakov – la postérité retiendra le nom de Jacques Schiffrin – à Bakou, dans l’Empire russe. Il raconte ses voyages en Europe, son installation à Paris où il fonde La Pléiade en 1923 – c’est en 1931 qu’il crée la fameuse collection de la Bibliothèque de la Pléiade. Il revient aussi sur la Seconde Guerre mondiale, le renvoi de Schiffrin par Gaston Gallimard qui a racheté la collection, la fuite à New York…
« À l’origine, la Pléiade est une entreprise démocratique ». (Amos Reichman)
« Quand Jacques Schiffrin fait de Baudelaire le premier auteur à entrer dans la Bibliothèque de la Pléiade, en quelque sorte, il le canonise. » (Amos Reichman)
Il montre que, jusqu’à la fin de sa vie, l’éditeur souffre de nostalgie – de la France qu’il a quittée et où il s’était fait naturaliser, d’une Russie natale rêvée. Au point de mourir en véritable « apatride », n’ayant jamais pu retourner à Paris ni reprendre la tête de la collection qu’il avait fondée.
« La France est à la fois le pays rêvé et le pays de la blessure pour Jacques Schiffrin. » (Amos Reichman)
En même temps, c’est toute une époque que parcourt le livre, entre effervescence culturelle, antisémitisme, guerre et transferts culturels. Et à travers cette biographie d’un « éditeur pour notre temps », émerge peut-être aussi une réflexion sur notre présent? Car à travers cette vie, l’exemple est donné de ce « signifie l’irruption de l’Histoire », écrit l’auteur, et les conséquences de « l’Histoire qui tue ».
« Jacques Schiffrin a toujours été un « passeur » : En France, il fait passer des textes russes ; Aux Etats-Unis, il cherche à faire passer des textes français ». (Amos Reichman)
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