Vidéo : Serge et Beate Klarsfeld sont de passage à Toulouse pour inaugurer l’exposition qui leur est consacrée au musée départemental de la Résistance et de la Déportation.
Certes, ils ont aujourd’hui respectivement 82 et 86 ans. Beate et Serge Klarsfeld restent «engagés», même s’ils n’ont plus la fougue de leur jeunesse, en raison des «années qui commencent à peser», comme le souligne lui-même, Serge Klarsfeld.
De passage à Toulouse ce jeudi, ils ont inauguré l’exposition «Beate et Serge Klarsfeld, les combats de la mémoire (1968-1978)» qui leur est consacrée au musée départemental de la Résistance et de la Déportation, jusqu’au 8 mai 2022. Le couple a pu déambuler au milieu des immenses photos en noir et blanc les représentant cinquante ans plus tôt, dans leurs engagements admirables contre le génocide des juifs et la chasse aux anciens criminels nazis impunis.
Ainsi, on les voit tantôt en Ardèche, en 1972, en train de perturber les obsèques de Xavier Vallat, figure de l’extrême droite antisémite; tantôt dans un train pour aller manifester, ou encore à Cologne, en 1979, lors de l’ouverture du procès. Toujours ensemble.
«Il ne s’agit pas d’une exposition posthume puisque nous sommes toujours là», a plaisanté Beate, avec un léger accent allemand. Et d’ajouter : «Nous continuons à nous battre même si les problèmes sont différents Aujourd’hui, on s’engage contre l’extrême droite. Même si nous l’avons fait, en notre temps, avec des actions illégales, on demande aux jeunes de s’engager sans attendre pour éviter que les extrêmes arrivent au pouvoir», a-t-elle ajouté.
L’exposition « Beate et Serge Klarsfeld, les combats de la mémoire (1968-1978) » a été conçue par le Mémorial de la Shoah et a été présentée à Paris en 2017 et 2018, à l’occasion des 50 ans de la gifle. La fameuse gifle que Beate infligea au chancelier Kurt Kiesinger, ex-propagandiste du IIIe Reich, à la tribune du congrès de la CDU, le 2 avril 1968. Son but : «ouvrir les yeux des Allemands sur les crimes commis par leurs aînés». Ce sera là, le début de la médiatisation du combat des Klarsfeld.
Cette exposition restitue donc 10 ans de luttes (de 1968 à 1978) portés par Serge et Beate Klarsfeld, depuis l’acte fondateur de la gifle jusqu’au verdict du procès de Cologne, le 11 février 1980, où la condamnation des principaux responsables nazis de la Solution finale en France est obtenue de haute lutte par le couple. Durant cette décennie, le couple Klarsfeld parvient à bouleverser le regard de la société sur le nazisme et le génocide des Juifs en Allemagne et en France.
«Cette exposition est là pour rappeler l’histoire invraisemblable d’un couple atypique, que rien ne réunissait sur le papier. Et qui néanmoins est devenu ce que Régis Debray appelait «Les mercenaires de la mémoire». C’est ce que nous avons voulu montrer, ce cheminement qui a fait de Beate et Serge Klarsfeld des figures morales», a rappelé Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah. En effet, qui aurait parié sur la rencontre à Paris, en 1960, entre un juif et une Allemande non-juive pour mener de telles batailles qui forcent le respect, et jamais l’un sans l’autre. «Nous sommes un couple heureux familialement et même d’un point de vue public», a conclu Serge Klarsfeld.