Trente-huit pavés supplémentaires honorant la mémoire des familles juives rouennaises victimes de la Shoah ont été scellés dans les trottoirs de la ville. Une cérémonie d’inauguration a eu lieu vendredi 15 octobre 2021, elle n’avait pu se dérouler en 2020.
Les pavés en laiton reposent, scellés dans le trottoir, devant l’ancienne adresse des victimes juives du nazisme. Un peu partout dans Rouen, ces Stolpersteine, « les pierres sur lesquelles on trébuche », se multiplient ravivant une mémoire indispensable à l’heure où les derniers survivants des camps s’éteignent. Trente-huit pavés supplémentaires ont été posés en septembre à Rouen, portant leur nombre à soixante-six. La première campagne avait été menée en septembre 2020 avec 28 pavés à Rouen et 11 à Sotteville-lès-Rouen. En 2023, le projet se poursuivra dans d’autres communes de l’agglomération.
« À l’heure de la Seconde Guerre mondiale, le peuple juif de Rouen subit le même sort que les autres », rappelle Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, lors d’une cérémonie d’inauguration vendredi 15 octobre 2021. La crise sanitaire n’avait pas permis de l’organiser en 2020. Et le maire de rappeler les chiffres de l’horreur : 961 juifs arrêtés en Normandie, 796 déportés par les Allemands, aidés par le régime de Vichy. À Rouen, trois rafles auront lieu.
« Le pire ne sera jamais totalement derrière nous »
Dans la salle des mariages, des membres de la communauté juive de Rouen, des élèves de tout âge ayant participé à un projet éducatif et leurs familles. « Si nous devons tout faire pour empêcher la reproduction de telles atrocités, reprend Nicolas Mayer-Rossignol, se tournant vers les plus jeunes générations, c’est que nous avons conscience que cette reproduction est possible. Le pire ne sera jamais totalement derrière nous. À l’heure où nous assistons en France à la montée des populismes, il est impératif de réaffirmer notre engagement dans la lutte contre tous les actes antisémites et plus largement contre toutes les formes de discrimination, de haine, de l’homme envers l’homme. »
« Ces pavés au cœur même de nos quartiers sont un témoignage de l’horreur, de l’indicible, déclare Corinne Bouillot, présidente de l’association à l’origine du projet Pavés de Mémoire Rouen Métropole. Nous sommes heureux d’accueillir les proches de ces victimes. Mais n’oublions pas qu’une majorité n’a pas de descendance car des familles entièrement ont été décimées. »