Entre juin et décembre 1944, Sanz Briz, alors diplomate espagnol de 32 ans en poste en Hongrie, a créé de faux passeports espagnols pour sauver des milliers de Juifs.
Mais même si les efforts de San Briz ont sauvé cinq fois plus de Juifs que ceux d’Oskar Schindler, son histoire est beaucoup moins connue, en partie parce que le régime de Franco, farouchement anti-israélien, qui a dirigé l’Espagne de 1939 à 1975, lui a interdit d’accepter la médaille des Justes que voulait lui attribuer Yad Vashem.
Aujourd’hui, le Centro Sefarad-Israel, une institution culturelle séfarade qui fait partie du ministère espagnol des Affaires étrangères, s’efforce d’y remédier. Avec le soutien des archives du gouvernement espagnol, cette organisation publie les noms des personnes qu’il a protégées, ainsi que des détails les concernant, dans le but de retrouver leurs descendants et de faire connaître leurs histoires.
Entre juin et décembre 1944, Sanz Briz, alors diplomate espagnol de 32 ans en poste en Hongrie, a créé de faux passeports espagnols pour des milliers de Juifs. Bien que la communauté juive de Hongrie fût à prédominance ashkénaze, Sanz Briz et ses assistants ont accordé la citoyenneté espagnole aux Juifs hongrois sur la base d’une loi espagnole de 1924 qui a étendu la citoyenneté aux descendants de Juifs sépharades expulsés d’Espagne en 1492.
Sanz Briz s’est donné beaucoup de mal pour s’assurer que des centaines de familles hongroises soient placées sous la protection de l’Espagne. Alors que les nazis se rapprochaient des Juifs de la ville, le diplomate espagnol a loué 11 immeubles pour abriter environ 5 000 personnes. Il a placé le drapeau espagnol sur les bâtiments, les faisant passer pour des propriétés officielles de la légation espagnole, assurant que les autorités ne les saisiraient pas. Il a également caché des familles à l’ambassade d’Espagne à Buda.
« Pour lui, le principe d’humanité prévalait sur le principe de légalité », a déclaré Miguel de Lucas, directeur du Centro Sefarad-Israel, au quotidien espagnol El País dans une récente interview. La publication des documents représente une étape historique pour l’Espagne, car c’est la première fois que les Archives générales de l’Administration divulguent une partie de leurs données.
Outre la liste des Juifs secourus, les Archives de l’Administration générale ont mis à disposition un rapport rédigé par les Juifs slovaques Alfred Wetzler et Rudolf Vrba, deux fugitifs d’Auschwitz qui se sont évadés le 7 avril 1944, après avoir passé près de deux ans en prison. Le rapport, qui a été remis à Sanz Briz puis envoyé à Madrid, comprend un croquis du camp de concentration. C’est devenu l’un des éléments de preuve les plus importants présentés aux procès de Nuremberg de 1945.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Sanz Briz reprit sa carrière diplomatique. Après avoir quitté son poste en Hongrie en 1960, il est nommé ambassadeur au Guatemala. En 1962, il est nommé consul général à New York. Il devint plus tard ambassadeur d’Espagne auprès du Saint-Siège et mourut le 11 juin 1980, alors qu’il était en mission diplomatique à Rome.
La Hongrie, dont les Juifs ont été sauvés par Sanz Briz, l’a déjà honoré. Il a reçu l’Ordre du Mérite de la République de Hongrie en 1994 et en 2015, une rue de Budapest a été renommée en son honneur.
Le Centro Sefarad-Israel a mis en place une adresse e-mail, lalistasanzbriz@sefarad-israel.es, pour que toute personne reconnaissant son nom ou celui d’un membre de sa famille sur les listes de Sanz Briz , puisse entrer en contact.
Line Tubiana avec jpost
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