Fettah Malki, qui était accusé d’avoir fourni une arme et un gilet pare balle à Mohamed Merah, est sorti de prison. Son expulsion vers l’Algérie est en cours.
Selon les informations de France Bleu Occitanie, Fettah Malki a été libéré de la maison d’arrêt de Seysses fin août. Cet homme de 37 ans avait fourni une arme et un gilet pare-balles à Mohamed Merah, auteur des attentats de Toulouse et Montauban en mars 2012, qui avaient fait sept morts et plusieurs blessés.
D’abord condamné à 14 ans de réclusion criminelle en 2017 pour association de malfaiteurs terroriste, Fettah Malki a finalement écopé de 10 ans de prison en appel en 2019. « Le tribunal avait enlevé toutes les qualifications terroristes. Ce qui a permis à mon client d’obtenir les remises de peine, qu’il n’aurait pas touché autrement. Il a eu des réductions de peine automatiques et a été remis en liberté fin août », explique Me Alexandre Martin, l’un de ses avocats.
Il n’est pas pour autant libre, puisqu’il est désormais placé en centre de rétention à Cornebarrieu car une procédure d’expulsion est en cours. Ce lundi 4 octobre 2021, Simon Cohen, l’avocat des familles de victimes de l’école juive Ohr Torah, réagit à sa sortie de prison. Il est l’invité de France Bleu Occitanie.
D’abord, une question concernant la disparition de Bernard Tapie. Quel regard vous portez sur les hommages élogieux qui se succèdent depuis hier, dimanche. Certaines procédures étaient encore en cours envers lui. Et qui oublient peut-être les démêlés qu’il avait encore avec la justice ?
Ces démêlés judiciaires s’agissant de Bernard Tapie doivent être considérés selon moi comme un épiphénomène : des évènements qui ont accompagné une vie riche qui peut difficilement se faire sans embûche. J’ai toujours considéré que Bernard Tapie a été trop lourdement sanctionné dans l’affaire du match OM-Valenciennes, que cette condamnation est incompréhensible du point de vie des principes. Comment est-il possible d’infliger à un homme sans antécédent judiciaire une peine notamment une peine d’emprisonnement ferme pour un premier manquement ?
Ce n’était pas tellement la question de la culpabilité, c’est le choix de la sanction, d’ailleurs lorsqu’on écoute aujourd’hui les propos du procureur de la République, lui même semble indiquer qu’il n’était pas favorable à une sanction de cette nature.
Je pense que ca a été un tournant dans la vie de cet homme, c’est un tournant selon moi trop abrupt pour rapport aux faits qu’il avait été commis. Les démêlés judiciaires dans al vie de cet homme sont selon moi assez secondaires.
On en revient à cette information France Bleu. Fettah Malki, l’homme qui a fourni une arme et un gilet pare-balles à Mohamed Merah, est sorti de prison fin août. Fettah Malki a été condamné en 2019 à 10 ans de prison en appel pour association de malfaiteurs terroristes. Il aura finalement passé 8 ans sous les barreaux. Il est depuis placé en centre de rétention à Cornebarrieu car il est menacé d’expulsion. Comment ont réagi vos clients, des familles de victimes, à cette libération ?
Il faut distinguer la fixation de la peine et l’exécution de cette dernière. Elles obéissent à deux principes mais dont l’ordre d’importance est inversé : au niveau de la fixation, la sanction a l’importance première et les possibilités de réinsertion et la personnalité sont prises en compte en second lieu.
Au niveau de l’exécution, les possibilités de réinsertion doivent prendre le pas sur l’objectif répressif proprement dit, sinon la prison ne sert à rien. Si la peine ne permet pas à ceux qui l’effectuent de s’amender, ça en sert à rien. S’agissant de Malki, 8 ans d’emprisonnement sur une peine de 10, ça veut dire qu’il a bénéficié des remises de peines minimum.
Une procédure d’expulsion est en cours, pour le renvoyer en Algérie, son pays d’origine. Ce retour, ce serait une sanction supplémentaire selon vous ?
Je pense que c’est à la fois la plus significative et la plus dissuasive, je ne crois pas que la prison soit la plus dissuasive. En revanche l’expulsion, l’obligation de quitter le pays dans lequel on vit tout simplement parce qu’on a pas su en respecter les règles, ça me parait être la peine la plus redoutable. Et selon moi, plus que la peine d’emprisonnement elle-même.
Simon Cohen, vous représentez les familles Sandler et Monsonégo, victimes de Mohamed Merah. Comment réagissent-elles quand elles entendent encore parler de l’affaire ? Quand ce nom « Merah » ressurgit ?
Il faut savoir que Fettah Malki n’a pas commis un acte véritablement antisémite, c’est une espèce de « multicarte de la délinquance ». Il n’avait pas lorsqu’il a cédé cette arme l’intention qu’on s’en prit à des gens en raison d’une appartenance à une religion, d’une ethnie, à une profession. C’était très loin de lui.
En tant que telle la communauté juive ne peut pas avoir à son endroit, de ressentiment particulier. On ne peut pas dire que pour lui, l’acte était antisémite. En tous cas, rien dans le dossier ne permettait de l’affirmer.
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