Hier à Vabre, le chef de brigade de gendarmerie Hubert Landes a été décoré à titre posthume de la médaille des « Juste parmi les Nations » pour avoir sauvé la vie à 35 jeunes filles juives.
C’est sous un doux soleil surplombant la commune escarpée de Vabre que s’est réunie une foule nombreuse. Une foule venue assister à un hommage rendu à un homme du village, Hubert Landes, chef de brigade de la gendarmerie locale pendant la Seconde Guerre mondiale, et décoré le 30 septembre de la médaille de « Juste parmi les Nations », remise à titre posthume par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem. Une décoration décernée par l’institut Israélien aux personnes non juives qui sont venues en aide et qui ont sauvé des vies juives sous l’occupation nazie et la collaboration.
L’émotion était de rigueur lorsqu’une plaque commémorative rendant hommage au gendarme a été inaugurée aux portes de l’espace « Pol Roux », consacré au maquis de Vabre. Car oui, le village des monts de Lacaune est un haut lieu de la résistance intronisé « village des justes » en 2015, et de nombreux membres de la communauté juive s’y sont cachés, réussissant à échapper à la déportation.
C’est conjointement que Simone Prat, fille du chef de brigade, et Yvette Goldberger, sauvée d’une rafle par ce dernier avec ses parents alors qu’elle n’était qu’un bébé, ont tombé le voile qui recouvrait la plaque commémorative.
Entre 1942 et 1943, Hubert Landes a participé au sauvetage de 35 jeunes filles juives étrangères réfugiées au camp de l’Étoile, mais a aussi sauvé des rafles d’août 1942 et février 1943 des familles réfugiées sur Vabre et ses environs, notamment les familles Goldberger, Gutkind et Lazar, en les avertissant la veille du passage prévu des autorités et leur laissant le temps d’aller se cacher dans les forêts des monts de Lacaune.
De nombreux hommages successifs
La cérémonie s’est poursuivie au cœur de la salle polyvalente de Vabre, où les discours se sont succédé, encore une fois non sans émotion. Après la maire de la commune Françoise Pons, qui a tenu à rappeler avec fierté que « personne à Vabre n’a lâché la moindre information pouvant nuire aux familles juives réfugiées », c’est Pierre-François Veil, Président du Comité Français pour Yad Vashem qui a lui aussi rendu un vibrant hommage. Le fils de l’ancienne ministre Simone Veil a insisté sur l’aspect positif de la cérémonie : « Aujourd’hui, c’est un jour particulièrement heureux que celui d’honorer Hubert Landes » précisant que ce dernier faisait partie des seulement 24 gendarmes honorés « juste parmi les Nations », remerciant également les gendarmes locaux, présents pour la cérémonie.
Une fois la médaille remise à la descendante d’Hubert Landes de la main du porte-parole de l’ambassade d’Israël Simon Seroussi, Yvette Goldberger a raconté l’histoire que lui racontait son père, de ce matin où le chef de brigade de Vabre est venu sauver des camps de concentration sa famille. Une histoire émouvante qui vient s’ajouter à l’histoire déjà bien fournie de l’implication des Tarnais dans la résistance.
Vabre, village Haut-Lieu de la résistance
En recevant la médaille de « juste parmi les Nations » à titre posthume, Hubert Landes est devenu le 91e Tarnais décoré par l’institut Yad Vashem. Il est également la quatrième personnalité de Vabre à recevoir cette récompense, après notamment le pasteur protestant Robert Cook. La commune de Vabre s’est également illustrée par Pol Roux, alias de Guy de Rouville, habitant de la commune qui a dirigé le maquis de Vabre, devenu le corps-franc de la Libération numéro 10.