Irmgard Furchner est accusée de complicité de meurtres au camp de Stutthof. Après sa fuite, elle a été placée en détention provisoire.
« Elle a pris un taxi. » C’est ce qu’a expliqué Frederike Milhoffer, porte-parole du tribunal d’Itzehoe, après l’annonce de la disparition d’Irmgard Furchner, 96 ans, dont le procès devait s’ouvrir ce jeudi. Secrétaire au camp de concentration nazi de Stutthof, elle devait répondre de complicité dans les meurtres de plus de 10 000 personnes. « Un mandat d’arrêt a été émis », a annoncé le président de la cour Dominik Gross.
La vieille dame s’est fait conduire, depuis sa maison de retraite, à une station de métro de la périphérie de Hambourg, avant de s’envoler. Elle avait « récemment écrit au tribunal qu’elle ne comparaîtrait pas pour raisons de santé. Nous avons exhorté le tribunal à ne pas clore l’affaire », rapportait mercredi Efraim Zuroff, directeur au Centre Simon Wiesenthal de Jérusalem. Si elle est « en assez bonne santé pour fuir », elle est « en assez bonne santé pour aller en prison !!! », a tweeté le chasseur de nazis jeudi à l’annonce de la disparition de l’accusée.
En l’occurrence, elle n’aura pas fui longtemps. Retrouvée dans l’après-midi, la femme de 96 ans a finalement été placée en détention provisoire.
Irmgard Furchner travaillait à l’époque des faits, entre juin 1943 et avril 1945, comme secrétaire de Paul Werner Hoppe, le commandant du camp de concentration de Stutthof, établi à une trentaine de kilomètres de Gdansk en Pologne (Dantzig à l’époque). Près de 65 000 détenus, juifs et non-juifs, y ont péri gazés, tués par balle, morts du typhus ou lors de l’évacuation à l’approche de l’Armée rouge. Si Irm-gard Furchner ne s’est pas exprimée sur les faits qui lui sont reprochés, la jeune femme qu’elle était à l’époque avait « tenu l’ensemble de la correspondance du commandant du camp » et « tapé à la machine les ordres d’exécution et de déportation et apposé ses initiales », a affirmé Me Christoph Rückel, avocat de survivants de la Shoah, cité par l’AFP.
Des poursuites possibles pour complicité
C’est dans ce camp de Stutthof que travaillait également Bruno Dey. Mineur à l’époque des faits, l’ex-gardien a écopé l’an dernier de deux ans de prison avec sursis, à l’âge de 93 ans. La justice allemande avait déjà condamné en 2011 John Demjanjuk, gardien à Sobibor, à cinq ans de prison ferme, dans un arrêt qui fera jurisprudence et permettra de poursuivre pour complicité d’assassinat n’importe quel auxiliaire d’un camp de concentration.