En matière de gestion des ressources en eau, la coopération entre Israël et la Jordanie pourrait connaître une embellie sans précédent sous la pression de l’urgence climatique et grâce aux progrès technologiques et au réchauffement des relations entre les deux voisins, estiment des experts.
Un rapport des experts climat des Nations unies (Giec), publié en août, a montré sans équivoque que le climat changeait plus rapidement qu’on ne le craignait auparavant, ce qui exerce une pression sur les réserves en eau, à un moment où la demande n’a jamais été aussi forte. Les avertissements concernant l’imminence de « guerres de l’eau », notamment au Moyen-Orient, ont souvent été exagérés, estime Erika Weinthal, professeure de politique environnementale à l’université Duke au Etats-Unis.
« L’eau est une ressource qui permet à des adversaires de trouver les moyens de coopérer », explique-t-elle à l’AFP, même si les tensions politiques peuvent peser comme celles autour du conflit israélo-palestinien.
Sécheresses extrêmes
La Jordanie est l’un des pays les plus déficitaires en eau au monde, souffrant de sécheresses extrêmes, et la coopération en matière d’eau avec Israël est bien antérieure à l’accord de paix conclu en 1994 entre les deux pays.
La question de l’eau a pris de l’importance en 1921, quand Pinhas Rutenberg, un ingénieur juif russe qui s’était installé en Palestine, a convaincu les autorités britanniques et les rois hachémites d’approuver la construction d’une centrale hydroélectrique à l’endroit où la rivière Yarmouk se jette dans le Jourdain. Elle s’est poursuivie après la création d’Israël en 1948, pendant des décennies où Israël et la Jordanie étaient officiellement en guerre.
Mais leur coopération en matière d’eau, tout comme les relations bilatérales en général, ont souffert ces dernières années sous le règne de l’ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, accusé par ses détracteurs d’avoir négligé la Jordanie alors qu’il oeuvrait à une normalisation des relations avec les ennemis de l’Iran dans le Golfe.
Des signes d’un réchauffement sont cependant apparus avec l’arrivée en juin du gouvernement du Premier ministre Naftali Bennett. Un accord a été conclu début juillet sur la vente de 50 millions de m3 d’eau par an par Israël au royaume hachémite en plus des 55 millions de m3 déjà fournis chaque année gratuitement à la Jordanie.
De nouvelles technologies ont permis de réduire le coût du traitement de l’eau salée permettant à Israël, leader mondial en dessalement, de vendre davantage de cette ressource à son voisin, notamment de l’eau douce du lac de Tibériade, sans compromettre la demande intérieure, souligne Gidéon Bromberg, directeur israélien de l’ONG EcoPeace Middle East.