Sortie le 14 juillet dernier sur Netflix, la série-réalité My Unorthodox Life fait le buzz sur la toile. À son origine, Julia Haart, CEO et co-propriétaire d’Elite World Group et rescapée d’une communauté religieuse fondamentaliste, décide de lever le voile sur son incroyable ascension. Rencontre avec une femme qui a réussi à changer son destin à 42 ans.
Il ne m’a fallu qu’une seule journée pour binge-watcher les neuf épisodes de 45 minutes de My Unorthodox Life. Peu habituée aux télé-réalités que je fuis généralement, j’ai été inexorablement happée par celle mettant en scène la vie hors norme de Julia Haart et de sa famille dans les quartiers huppés de New York. Il faut dire que la recette est alléchante : un penthouse new-yorkais, une avalanche de looks griffés, des histoires de famille et une entreprise – Elite World Group – à gérer. Jusqu’ici My Unorthodox Life a absolument tout d’un smash up entre l’émission des Kardashian et un épisode de Gossip Girl. Et j’aurais très bien pu m’arrêter au premier épisode. Pourtant, impossible de décrocher tant le sujet m’intrigue. Au-delà de la vie à cent à l’heure de cette businesswoman qui règne sur l’agence de mannequins la plus réputée au monde, il y a un passé lourd qui se dévoile dès les premières minutes de la série-réalité et qui nous captive jusqu’à la dernière.
Qui est Julia Haart ?
Pour ceux qui comme moi, avant de visionner la série, n’ont aucune idée de ce qui rend Julia Haart si spéciale, on pourrait dire que son destin tient du miracle. À 42 ans, elle fait – littéralement – son entrée dans le monde. Et pas seulement parce que sa marque de chaussures éponyme décolle ou qu’elle s’associe avec La Perla peu de temps après le lancement. Julia Haart, anciennement Talia Leibov, fuit une communauté juive orthodoxe de l’Etat de New York pour reconstruire sa vie loin du fondamentalisme religieux dans lequel elle a toujours vécu. Elle laisse derrière elle mari, enfants et vie communautaire pour un meilleur futur, ou du moins, une vie qui lui appartient. Difficile d’imaginer que derrière les mini robes, les extensions de cils et les cheveux au brushing parfait se cache une backstory digne d’un drame hollywoodien. Moins de dix ans après sa fuite, Julia Haart est au sommet : elle a refait sa vie avec un homme aimant, rapatrié trois de ses quatre enfants en-dehors de la communauté et gère d’une main de maître une agence de mannequins qui compte parmi ses talents Kendall Jenner, Irina Shayk ou encore Jasmine Tookes. Après le visionnage du dernier épisode, je contemple ma propre existence : à moins de 30 ans, mon parcours n’a rien d’honteux mais celui de Julia Haart me donne le vertige. Lorsqu’elle quitte sa communauté Haredim en 2013, je sortais à peine de l’école de journalisme. En l’espace de huit ans, la CEO a déjà vécu mille vies alors que je peine à prendre la moindre décision. Sur-femme ou légende, je décide qu’il est grand temps de lui poser les questions directement. Pas le temps d’attendre la rentrée, l’interrogatoire urge. Depuis la sortie de My Unorthodox Life, Julia Haart est over-médiatisée et son agenda est encore plus serré qu’à l’accoutumée. C’est entre deux breaks aoutiens que j’arrive à caler notre interview à laquelle je me prépare en rassemblant toutes les informations que je peux trouver sur cette boss lady qui me captive. Vite, je me rends compte que les informations sont brèves et ne remontent pas plus loin que 2014/2015. Lorsque je la questionne plus tard à ce sujet, sa réponse fait sens : « Quand je suis venue au monde, je ne connaissais personne, je n’avais pas de passé ou d’histoire. J’étais ungooggleable. J’ai laissé tout le monde et absolument tout derrière moi. » Après tout, lorsqu’on vit dans une communauté qui n’autorise ni internet, ni la télévision, difficile pour elle de n’avoir ne serait-ce qu’un pseudonyme sur un forum ou sur les réseaux sociaux.
Pour m’approcher autant que possible du personnage et m’imprégner de son aura, je prépare l’entretien avec en main la seule chose que nous pouvons avoir en commun : une boisson Starbucks. Pendant mon visionnage, j’ai remarqué que Julia Haart ne faisait jamais rien sans l’un des gobelets blancs à la sirène verte à la main. En sirotant mon latte, je me promets de lui demander quel est ce breuvage miracle qui lui donne le courage de se lever chaque matin pour affronter le monde. Il est 15h à Paris, 9h à New York lorsque nous nous rencontrons enfin via nos écrans interposés. Julia Haart est impeccablement coiffée et maquillée, comme si elle s’apprêtait à entrer sur un plateau de télévision ou au premier rang d’un défilé parisien. Rien d’étonnant puisqu’elle me confie se lever tous les matins à 6h pour abattre les nombreuses tâches de sa longue journée de CEO. Je remarque la présence du gobelet Starbucks à droite de l’écran qu’elle sirotera tout au long de l’interview.
La Julia que je rencontre n’est pas vraiment l’espiègle personnage de My Unorthodox Life mais une femme qui a un message à faire passer. Dès mes premières questions, ses réponses sont lourdes de sens et d’émotion et je ne peux m’empêcher de revenir sur ce déclic miraculeux qui lui a sauvé la vie. « On m’avait appris à ne pas poser de questions et donc, quand je me suis mise à me les poser à moi-même, c’était forcément moi qui était anormale. J’étais supposée être juste la femme et la mère de quelqu’un. Je devais même suivre des lois que je n’étais pas autorisée à étudier. » Pour celle qui encourage à apprendre tout au long de sa vie, le quotidien est une épreuve.
Privée d’école, de sport, d’activité artistique, elle survit grâce à ses enfants. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui sera à l’origine de son salut. Julia Haart revient avec moi sur l’un des passages de la série où elle explique comment l’attitude rebelle de sa fille Miriam a tout changé en elle : « Elle a commencé à poser des questions à voix haute, les mêmes que je me posais à moi-même. On ne pouvait pas me convaincre que ma propre fille était mauvaise. Elle n’avait que 5 ans à l’époque. Moi, j’avais pensé que j’étais une mauvaise personne pour me questionner autant mais elle, elle avait 5 ans. C’est là que je me suis donnée la permission de m’exprimer à mon tour. » À ce moment-là, Julia est dans la trentaine et n’a rien connu d’autre que la communauté Haredim de Monsey où elle s’est installée avec ses parents après avoir fuit la Russie. À 19 ans, elle se marie avec un prétendant choisi pour elle et devient mère et épouse à plein temps. Pour comprendre comment vivent les membres de cette communauté, il faut faire un bond trois cents ans en arrière, me fait-elle comprendre. Nous ne sommes qu’à une petite heure de New York, mais la séparation des genres est encore bien ancrée dans les lois que suit le groupe. Sa description, bien que partiellement réfutée par certains membres de la communauté, fait froid dans le dos. Les hommes devaient étudier la Torah, et les femmes devaient élever des familles nombreuses et de se couvrir de la tête aux pieds. Ces interdits et oppressions pèsent d’autant plus lorsqu’elle est témoin du traitement réservé à Miriam, déclarée bisexuelle depuis l’adolescence.
Partir ou mourir
Pour quitter un tel environnement, Julia Haart se prépare à réaliser l’insurmontable : tout laisser derrière elle et affronter le monde réel lorsqu’on a aucune idée de ce qui se cache au-delà de sa petite communauté. « Je ne me suis pas dit « Wow, une nouvelle aventure ! » J’étais pétrifiée à l’idée de partir. Mais c’était ça ou mourir. » Cette déclaration fait écho à l’une des séquences les plus authentiques de la série. En tête à tête avec son aînée Batsheva, Julia Haart confie à celle qui lui en a tant voulu de l’avoir abandonnée avoir fait face à un état psychologique profondément dépressif. « Ce qui m’est arrivé est extrêmement traumatique. Quand je suis partie de ma communauté, je pesais à peine plus de 33 kilos, j’essayais de me tuer. Voyager dans le temps, laisser tout derrière soi, se confronter au monde et aux gens est une expérience difficile, émotionnellement douloureuse. » En cachette, elle échafaude un plan d’évasion et vend des assurances vie en dehors de sa communauté et dans le dos de ses proches. Avec l’argent amassé, Julia Haart attend le mariage de son ainée avant de claquer la porte et de se jeter dans le vide. S’ensuit une extraordinaire épopée où elle décide de fonder sa propre marque de chaussures. Elle rencontre les bonnes personnes au bon moment qui lui permettent de faire décoller sa griffe. Le parcours semble tellement facile et inespéré que je tente de la questionner sur le processus. Mais en bonne businesswoman, Julia Haart reste très secrète : « Tout cela sera dans mon livre ! » Parce qu’en plus d’une série, la CEO d’Elite présentera bientôt son autobiographie, dont quelques passages croustillants sont dévoilés comme un amuse-bouche dans le programme. Photos et anecdotes viendront jalonner l’itinéraire incroyable de cette miraculée partie de rien. « En lisant le livre, vous penserez sûrement que je suis la plus grande idiote mais quand je suis sortie je ne savais rien du monde. J’avais du talent pour le dessin et le design donc les gens étaient attirés par moi. Mais je ne savais rien. J’ai fait tellement d’erreurs. J’étais du genre à poser des questions tout le temps et à tout le monde. J’adore apprendre, je suis une éternelle étudiante. »
Comment son amour pour la mode l’a sauvée
Malgré son silence, le questionnement subsiste dans mon esprit : comment quelqu’un qui n’a jamais vécu dans le monde moderne tel que la majorité des gens le connaisse peut décider de fonder une marque de mode et s’en sortir ? De nouveau, sa réponse semble sortir d’un conte de fées mais résonne forcément chez tous les passionnés, quels que soient leurs moyens de départ : « Je ne connaissais rien du monde, encore moins de l’industrie de la mode. Je n’avais jamais entendu parler de marketing, de relation de presse… Mais j’avais déjà réussi à voyager dans le temps. Un bond de 300 ans en avant. Donc, bien sûr que je suis capable de faire une marque de chaussures ! » Instantanément, le regard s’apaise et le ton se fait plus léger. Animée par une énergie plus lumineuse lorsqu’elle parle de son métier, Julia Haart dévoile des anecdotes de son enfance. Lorsque je lui demande comment, après des années d’oppression mentale, elle a pu trouver son style, elle me répond qu’elle l’a toujours eu mais n’a jamais eu l’occasion de l’exposer au monde. « J’achetais des magazines que je ramenais en cachette. J’ai appris à coudre moi-même, j’utilisais des patrons de Vogue pour me faire mes propres vêtements. J’étais obsédée par la mode depuis toujours. Mon premier souvenir de mode remonte à mon premier voyage en Italie, quand nous avons quitté la Russie avec mes parents. J’ai eu ma première part de pizza et mon premier sac à main italien. J’avais 5 ans. C’est comme ça que ça a commencé. Mais je n’avais aucune idée que ça pourrait mener quelque part, que ça pourrait être un vrai travail. Dans mon monde, les seuls rêves que pouvait avoir une femme étaient : un bon mari. Un bon mariage. Ma seule pensée quand j’étais jeune c’était « je vous en supplie, que l’homme que j’épouse soit quelqu’un de bien. » Aujourd’hui financièrement indépendante et à la tête d’Elite, on pourrait penser que Julia Haart a déjà tout vu et tout accompli. Pourtant, je m’imagine à sa place, avec simplement huit ans d’expérience dans le monde d’aujourd’hui, et moi aussi j’aurais ce goût d’inachevé. Comment ne pas vouloir aller toujours plus loin lorsque l’on a tant d’années de retard ?
L’égalité pour toutes comme cheval de bataille
Malgré les reproches de son époux, Silvio Scaglia Haart sur ses heures prolongées au bureau, Julia ne compte pas se reposer sur ses lauriers. Mieux encore, son parcours de battante lui a enseigné que la liberté n’est jamais acquise et que sa force, elle peut s’en servir pour aider les autres. « Je ne considèrerai pas que j’ai réussi jusqu’au moment où j’aurai avec moi une armée de femmes indépendantes financièrement à mes côtés. » Avec sa stratégie commerciale et marketing novatrice, Julia Haart veut faire pencher la balance et changer le pouvoir de main. Comme elle l’explique dans la série, la CEO veut donner à ses talents l’opportunité d’assurer la longévité de leur carrière, au-delà de 30, 40 ou 50 ans. Objectif ? Libérer les femmes de tous les carcans qui les oppressent encore dans notre société dite moderne.
Quand on lui parle de féminisme, elle balaie d’une réplique les arguments de ceux qui pourraient la trouver extrémiste : « Je ne suis pas sûre que penser que les femmes ont le droit de recevoir une éducation soit radical. Ce que je voudrais c’est que ma communauté rejoigne le XXIè siècle. Pensez à toutes les lois qui ont changé en faveur des femmes dans les cent dernières années. Dans mon monde, ces lois n’ont pas changé. Et dans beaucoup d’autres communautés, elles n’ont pas changé non plus. Il faut que collectivement, nous arrêtions de traiter les femmes comme nous le faisions il y a trois siècles. » Ce projet qu’elle porte en elle, Julia le partage avec tous. De son équipe au sein d’Elite à ses enfants en passant par son ex-mari avec qui elle entretient toujours des relations très cordiales, elle se bat avec des actes de bienveillance. Plutôt que de la rancune, elle préfère l’empathie. « Je n’ai jamais tenu mon premier mari responsable de ce qui m’arrivait. Ce n’était pas sa faute, je savais que c’était ce qu’on lui avait appris qui était juste. On lui avait inculqué qu’il devait être mon geôlier, qu’il devait me dire Julia couvre-toi, Julia cache tes genoux, Julia ne parle pas autant, Julia ci, Julia ça… toute la journée. Pas parce qu’il était une mauvaise personne mais parce qu’on lui avait appris que s’il ne le faisait pas nous finirions tous en enfer. » Et même si la transition déroute son dernier fils Aron, elle garde la foi en ce qui concerne le futur de ses enfants : « Ils sont dans un monde ouvert, ils ont accès à absolument tout. Ils réalisent qu’il ne faut pas forcément être de confession juive pour être une bonne personne. Que les non-juifs ne sont pas nos ennemis, que le monde est beau et incroyable. »
C’est également pour cela que Julia Haart s’est lancée dans l’aventure de la série-réalité qu’elle produit. My Unorthodox Life fait le buzz sur la toile depuis sa sortie sur Netflix, et les consciences s’éveillent. « J’ai ressenti une responsabilité à parler de mon histoire parce que si personne ne le fait, si personne ne demande que ça change, il n’y aura jamais de changement. » Déclare-t-elle avant d’ajouter : « C’est effrayant de raconter son histoire. Je m’exposais aux attaques. Si vous vous attaquez au fondamentalisme, le fondamentalisme vous attaque en retour. Ce n’était pas une décision facile à prendre. On l’a prise parce que quand j’ai rencontré des femmes du monde entier, j’ai réalisé que même dans le monde d’aujourd’hui, les femmes ne sont pas à égalité avec les hommes. » Depuis la sortie de la série, la parole se libère autant du côté de ceux qui se sentent oppressés, que de ceux qui défendent la communauté de Monsey. Mais l’expérience d’une seule femme ne suffit-elle pas à pointer du doigt le besoin d’évolution ?
Sur cette note plus enjouée, nous évoquons sa découverte du monde et en particulier de Paris où elle se rend plusieurs fois par an pour assister à la Fashion Week. Dans My Unorthodox Life, c’est un moment particulier qu’elle partage avec sa fille Batsheva, elle aussi passionnée de mode. Mais l’amour de Julia Haart pour la capitale française remonte bien avant ses premiers rangs de défilés. « Paris est l’endroit où ma carrière dans la mode a démarré. J’ai lancé ma marque au George V. Donc la ville a une place spéciale dans mon coeur. C’est aussi à Paris que j’ai rencontré mon premier vrai boyfriend. » Si elle se sentait comme une enfant de 8 ans en quittant Monsey, Julia Haart s’est certainement transformée en adolescente dans les rues de Paris. Elle nous confie ses adresses de prédilections, et à mon grand étonnement, elles sont toutes accessibles : Le Sourire de Saïgon dans le 18è pour manger vietnamien, Ferdi dans le 1er pour son gratin de coquillettes, l’Orient Extrême dans le 8ème lorsqu’elle a un craving de sushi et pour déguster les tanglioni flambées dans une roue de Grana Padano, elle se rend à La Romantica, à Clichy.
Il n’y a pas seulement des leçons de carrière que l’on peut retenir de Julia Haart. Celle qui s’est jetée à corps perdu dans le XXIè siècle fascine aussi par son franc-parler et son aptitude à briser les tabous, quoiqu’en pensent ses enfants. De nombreux passages de son livre semblent être consacrés à sa vie intime, ou plutôt ce manque de vie intime imposé par la modestie. La découverte du monde, de la gastronomie, de la culture et de la mode s’est accompagnée de celle de soi. Julia Haart déclare que le plus important pour une femme c’est de se connaître elle-même, dans tous les sens du terme. Grande partisane du crédo : « on est jamais mieux servi que par soi-même », la CEO d’Elite partage à qui veut l’entendre (ou pas) sa passion pour les sextoys. Qu’à cela ne tienne, j’ose lui demander lequel a ses faveurs en ce moment. Son regard s’illumine et elle sourit, surprise par la question après un entretien si intense. « Vous auriez pu penser que je connaitrais le nom après tout ce temps. » Dit-elle avec malice. Après une rapide recherche dans ses e-mails, elle me dévoile enfin le nom de celui qui se cache dans le tiroir de sa table de nuit : le Golden Jack Rabbit Vibrator. Un bref tour sur internet me confirme que des stiletto au vibromasseur, Julia Haart aime tout ce qui brille.
L’interview va s’achever et c’est lorsqu’elle termine son gobelet taille venti que je me souviens enfin de cette question futile mais qui me brûle les lèvres : quelle est sa commande Starbucks ? De nouveau, l’étincelle brille et Julia me transporte, avec sa tablette, dans son coin cuisine. Surprise : il y a un corner entièrement dédié à la franchise de Seattle. « Comme on ne pouvait plus aller chez Starbucks pendant le confinement, j’ai fait venir Starbucks à moi ! » M’annonce-t-elle fièrement. Capsules, gobelets, manchettes en carton, sirops aromatisés… Julia Haart possède l’attirail entier de la barista. Et sa recette secrète ? « Un skinny latte à la cannelle avec du lait écrémé, du sirop sans sucre, chauffé à 80 degrés. » Pour obtenir un peu de son énergie et de sa détermination, c’est sûrement cette boisson, que je commanderai la prochaine fois que je passerai les portes du mythique café.