On l’annonçait comme le mariage du siècle. Mais, derrière le faste et les caméras, trahisons et jeu de dupes vont précipiter son naufrage. Récit.
Le 29 juillet 1981, près de 800 millions de téléspectateurs regardent avec attendrissement la jeune Lady Di sortir de son carrosse de verre devant la cathédrale Saint-Paul, telle Cendrillon dans un vrai conte de fées… Les Windsor ont mis le paquet : 35 000 invités, des chefs de gouvernement par dizaines, parade dans Londres en carrosses devant plus de 500 000 sujets entassés sur les trottoirs… Diana fait son entrée dans l’histoire, avec sa robe meringue en taffetas de soie ivoire et sa fameuse traîne de près de huit mètres. La plus longue jamais réalisée pour un mariage royal, avec en prime un fer à cheval en or cousu à l’intérieur pour porter chance à la promise.
Elle en avait bien besoin, tant son mariage tournait à la mascarade… On sait aujourd’hui que Charles, de 13 ans son aîné, l’a épousée quasiment contraint et forcé, ses parents refusant d’approuver sa relation secrète avec celle qu’il aimait vraiment, Camilla Parker Bowles – qui était déjà mariée. Le prince Philip a mis tout son poids dans la balance en écrivant à son fils qu’il devait se décider rapidement, choisir ou non Diana, la pression de la presse sur le sujet devenant insupportable… Une lettre comminatoire que Charles a brandie pendant plusieurs jours devant ses amis en pestant contre l’oukase paternel. Et qu’il a fini par suivre, par devoir et non par inclination, en accomplissant « le grand plongeon » : au total, il n’avait vu Diana que treize fois avant de lui dire oui devant l’autel…
Quant à Diana, ses sentiments étaient contradictoires : épouser Charles incarnait tout ce dont elle avait rêvé, à savoir convoler un jour avec un prince charmant, mais les doutes et les désillusions n’ont fait que s’enchaîner avant les noces. Surtout avec la découverte de ce fameux cadeau d’adieu de Charles à son ex-maîtresse, un bracelet en or portant les initiales « FG », pour « Fred et Gladys », les surnoms que se donnaient le prince de Galles et Camilla, un code que Diana connaissait. Elle pensait l’histoire terminée, la voilà qui rejaillit au pire moment. La fiancée est anéantie : elle ouvre son cœur à ses proches, envisage de tout rompre, mais sa sœur lui réplique que c’est trop tard : son portrait est déjà sur toutes les assiettes et tous les torchons du royaume…
Boulimie et purges
Diana est soudain bien seule, en proie au stress, en réalisant qu’une intruse s’immisce dans son conte de fées, avec en prime des millions d’Anglais comme témoins de ses noces. La pression médiatique est énorme, elle se sent prisonnière au cœur de Buckingham, passe de l’euphorie aux larmes, au point de perdre plus de 13 cm de tour de taille entre le premier et le dernier essayage de sa robe de mariée – un cauchemar pour la styliste. La princesse de Galles retombe dans ses troubles alimentaires, avec boulimie et purges, pendant que son futur mari se montre bien distant, assurant ses obligations officielles tout en faisant le tour de ses proches pour célébrer la fin de son célibat.
L’an dernier, l’astrologue Penny Thornton, amie de la princesse, avait fait sensation en révélant dans un documentaire combien Charles se serait montré maladroit avant les noces. « L’une des choses les plus choquantes que Diana m’a confiées est que Charles, avant le mariage, lui a dit qu’il ne l’aimait pas. Je pense qu’il ne voulait pas commencer ses noces sur de fausses promesses. Il voulait être clair avec elle. » Avec les conséquences que l’on devine sur l’état psychique de la mariée…
La veille des noces, les fiancés donnent le change en présidant un grand bal à Buckingham pour huit cents convives où l’on s’amuse beaucoup, notamment quand la princesse Margaret attache un ballon à sa tiare… Mais, au beau milieu des festivités, Charles s’éclipse, estimant avoir suffisamment joué son rôle. La rumeur dit qu’il aurait rejoint Camilla, ce qui paraît tout de même compliqué sur le territoire de sa mère, truffé d’indics. Le prince a simplement dû rejoindre des copains de toujours pour un dernier verre, laissant sa future épouse en plan. Tout en lui envoyant un dernier mot pour lui remonter le moral : « Je suis si fier de toi. Quand tu remonteras la nef demain, je serai là pour toi à l’autel. Regarde-les droit dans les yeux et tu feras un malheur. »
L’agneau mené au sacrifice
Le 29 juillet 1981, quand sa traîne n’en finit plus de se dérouler sous les voûtes de Saint-Paul, les sentiments de Diana sont toujours aussi confus : elle est sans nul doute portée par l’euphorie, son rêve se réalise, elle a supplanté Camilla devant l’autel – elle peut d’ailleurs entrevoir sa rivale invitée dans le parterre –, mais son esprit, dira-t-elle plus tard à son biographe Andrew Morton, était hanté « par un grand point d’interrogation ». « J’avais l’impression d’être l’agneau que l’on mène au sacrifice, confiera-t-elle plus tard à une amie. Je le savais, mais je ne pouvais rien faire. »
Le voyage de noces ne fera que confirmer ses craintes. Après trois jours dans le Hampshire, où Charles pêche la truite, le couple rejoint le Britannia pour une croisière royale mais terriblement sinistre et ennuyeuse, sur un yacht où grouillent une vingtaine d’officiers et plus de 200 hommes d’équipage, sommés de porter des semelles de caoutchouc pour éviter de déranger les mariés. Le soir, le couple préside des dîners habillés, pendant que la marine royale joue sa partition. Pour l’intimité, on repassera…
Thanks.