Chaque jour apporte ses précisions sur le profil des 147 disparus de l’effondrement, dont une cinquantaine de juifs, d’un bâtiment de Surfside (Floride), il y a une semaine.
Immigrés hispaniques, familles juives, retraités et touristes venus profiter du soleil de Floride… Les 147 personnes portées disparues, au mercredi 30 juin, dans l’effondrement partiel six jours plus tôt, en pleine nuit, du complexe immobilier des Tours Champlain, reflètent la diversité de la ville de Surfside, carrefour de cultures et d’identités où le bâtiment avait été construit en 1981.
La communauté juive paie un lourd tribut
Installée dans la zone depuis les années 1950, comme en attestent les nombreuses synagogues du coin, la communauté juive paie un lourd tribut à ce drame. Au moins six membres de la grande synagogue locale, The Shul, âgés de 20 à 60 ans, sont portés disparus. Au total, une cinquantaine de personnes juives, pour beaucoup hispaniques, n’ont plus donné de nouvelles depuis l’effondrement, selon les organisations juives qui participent à la prise en charge des proches.
Ilan Naibryf, étudiant juif à l’Université de Chicago, était lui en ville avec son amie. Ils ont décidé de rester dans l’appartement des parents de cette dernière, à Champlain Towers, dans la nuit de mercredi à jeudi. « J’aimerais avoir de l’espoir et croire en un miracle, a déclaré la mère d’Ilan à une chaîne de télévision de Chicago, mais je ne pense pas que nous retrouverons mon fils en vie. »
Des victimes de tous horizons
Près du tiers des disparus est de nationalité étrangère, a indiqué le sénateur de Floride Marco Rubio sur Twitter. Ils sont essentiellement latino-américains (Uruguayens, Vénézuéliens, Cubains, Argentins, Paraguayens…), une population qui représente 47 % de la ville, bien représentée dans le reste de la Floride du Sud, plaque tournante des Amériques.
Bien que les autorités ne révèlent pas le nom de ces disparus, plusieurs médias ont vérifié l’identité de certains d’entre eux avec l’aide de proches inquiets. Parmi eux, Claudio Bonnefoy, l’oncle de l’ancienne présidente du Chili – et actuelle haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme – Michelle Bachelet. Il habitait au neuvième étage avec son épouse Maria, ancienne fonctionnaire du Fonds monétaire international à Washington. Il y a quinze ans, ils avaient acheté un appartement aux Tours Champlain pour y passer leur retraite, comme beaucoup d’autres résidents de ce complexe haut de gamme de douze étages.
Sophia Lopez Moreira, sœur de la première dame du Paraguay, vivait aussi dans la tour Sud. Elle, son mari et leurs trois enfants étaient probablement en Floride pour se faire vacciner contre le Covid. Leidy Luna Villalba, leur nounou de 23 ans, les accompagnait. Elle avait accepté le travail pour financer ses études d’infirmière au Paraguay, un rêve que son père, travailleur agricole dans ce pays, n’avait pas les moyens de lui offrir, selon le journal Miami Herald.
Luis Barth, un avocat colombien ayant participé à la renaissance de sa ville, Medellin, était aussi de passage avec sa famille, notamment pour se faire vacciner contre le Covid. Ils sont arrivés à Champlain Towers avec un jour d’avance. Leurs proches sont sans nouvelles d’eux depuis. Les disparus comptent aussi des enfants en visite chez leurs parents, des touristes enthousiastes à l’idée de profiter de la plage voisine, des résidents temporaires (« snowbirds ») troquant tous les ans les climats froids de leurs villes d’origine pour l’été floridien, voire des seniors vivant là de longue date…