“C’est un collage musical et visuel qui résume parfaitement le carrefour culturel auquel s’identifient les jeunes Israéliens aujourd’hui. Entre les États-Unis et le Moyen-Orient, entre l’arabe et l’anglais, entre l’explosion du hip-hop et les hits arabes, et entre l’une des plus grandes stars du pays et deux vedettes de TikTok issues des milieux américano-libanais. « analyse la journaliste.
Ce remix n’est pas le seul qu’apprécie la communauté israélienne. En 2019, la chanteuse Inez fait revivre le titre Menak Wla Meni d’Ibtissam Tiskat. Un mashup qui a rencontré un véritable succès, si bien qu’il a été repris et traduit en hébreu par les artistes Hayotsrim et Doron Azulay. Une vidéo qui compte plus de 2 millions de vues à ce jour, et qui est reprise par de nombreux internautes sur TikTok.
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Grâce à TikTok, la musique arabe est beaucoup plus accessible aujourd’hui en Israël. Pour Nadeem Karkabi, professeur en anthropologie à l’université de Haïfa cité par Ha’Aretz , “il est aussi beaucoup plus simple pour les artistes de trouver leur public sans passer par l’intermédiaire des maisons de disques ou de la radio”. Résultat, explique l’universitaire, la scène musicale est aujourd’hui “beaucoup plus démocratique”.
Affinités culturelles
Si la musique arabe rencontre tant de succès en ce moment, fait-il valoir, “cela tient également à certaines affinités culturelles et au fait que les gens ont l’oreille habituée à ce genre de mélodies. Ce n’est pas quelque chose d’étranger. On a toujours joué de l a musique orientale, ( aussi appelée ‘mizrahi’) ici, chez les Palestiniens autant que chez les Mizrahim – les Juifs du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.”
Il existe même, poursuit Nadeem Karkabi, “des traditions liturgiques reprenant des mélodies ou des chansons arabes ‘hébraïsées’ au fil des années, mais qui trouvent leurs origines dans des pays arabes”.
En outre, estime le chercheur, le “printemps arabe” a eu une importante influence sur l’industrie musicale : “L’Occident s’est davantage intéressé aux arts et à la musique arabes, et cet intérêt était indissociable des mouvements de révolte populaire”, raconte-t-il, prenant comme exemple le raï algérien. « C’est quelque chose que l’on peut lier aux processus politiques. Dans les années 1990, les ‘années de paix’, la musique arabe a explosé [en Israël] avec des interprètes comme Zehava Ben qui chantaient en arabe et se produisaient pour le public palestinien.”
Aujourd’hui, il y a un regain d’intérêt, notamment au sein de la jeune génération qui souhaite se reconnecter au monde arabe. Et pour certains, conclut-il, il s’agit aussi de “renouer avec les lieux d’où leur famille est originaire”.
Source courrierinternational