La situation semblant se calmer, je vais vous raconter une histoire qui vous distraira un peu, les jeux olympiques à Tunis, et la recette vous rappellera bien des souvenirs : le Drôo.
On en parle de plus en plus ! On parle de plus en plus de la difficulté pour le Japon d’organiser les jeux olympiques cette année! Pourtant, déjà en 1965, le plus facilement du monde, on les avait organisés…à trois!!!!
Autour des années 65 nous habitions en hiver à Tunis et en été à L’Aéroport(tout près du Kram). Nous avions décidé, mes frères et moi de faire les premiers jeux olympiques en.Tunisie!
Spectateurs ou pas, les épreuves n’étaient jamais reportées! jamais annulées. Certaines d’entre elles devant se dérouler en été à l’Aéroport et les jeux d’hiver à ….Sotchi….euh, pardon à Tunis.
Munis d’un petit carnet et d’un stylo Bic, dont l’encre coulait un peu, on pouvait commencer. Tous les jours vers 11h, par une chaleur avoisinant les 30 degrés, nous courrions plusieurs fois autour de la maison, environ 600m, tournant, passant et repassant sans cesse le long de la ligne de la ligne de chemin de fer, le fameux TGM qui nous réveillait très, très tôt le matin! Souvent avant le chant du coq du voisin…
On se servait d’un semblant de chronomètre,.c’était une vieille montre oubliée au bracelet en cuir élimé, qui dormait dans un tiroir mais qui avait quand même.deux cadrans et quatre aiguilles, et qui marchait parfaitement lorsqu’on la remontait.
Je crois de la marque « Lip » ou «Certina ». Ces 2 noms reviennent à mon esprit. Un cadran pour les heures et les minutes, l’autre, comme une petite loupe, pour les secondes et les dixièmes de secondes je crois. Plus d’un, se souviendra de sa montre de Bar mitsvah semblable à celle la!
Elle nous aidait dans la recherche de la performance et aussi à améliorer notre endurance à la course. Dès que quelques secondes étaient gagnées, c’était des hurlements d’encouragement. On ressentait à ce moment-là, la montée de l’adrénaline. La victoire était proche, à portée de main, le podium aussi.
Puis venait l’épreuve du saut en longueur. On monopolisait la moitié de la plage! On faisait le vide autour de nous. On traçait un grand trait sur le sable, on prenait son élan et on s’élançait. Mais il arrivait que l’on dépasse la planche, alors il fallait recommencer.
Tricher ne serait ce que d’un centimètre, hors de question! Les traces laissées dans le sable par nos orteils servaient de preuve irréfutable. Alors on sautait, on ressautait dix fois, vingt fois.
Puis on passait au triple saut, se prenant de plus en plus au sérieux. On aurait dit des kangourous sautillant sur la sable….sauf que l’on n’était pas en Australie, mais en Tunisie! à l’Aéroport. Les baigneurs nous regardaient étrangement mais peu nous importait! Apres tout cela faisait quelques spectateurs de plus!
Puis quelques longueurs dans l’eau, dans cette mer, bleu émeraude pour se rafraîchir. J’ouvrais les yeux dans l’eau et je m’émerveillais.
Mais ce n’était pas terminé : en fin d’après-midi lorsque nous rentrions de la plage, épuisés, (et que ma mère n’était pas là, je précise!) on en rajoutait une couche. On installait deux matelas derrière « la jolie maison de la plage » (côté cour!) pour amortir la chute, deux balais de chaque côté que l’on faisaient tenir, coûte que coûte, avec de grosses pierres, une corde à linge empruntée à Rzèla et là, pouvaient commencer les épreuves de saut en hauteur. A ce jeu là, j’étais une des meilleures, mon poids ultra léger aidant.
Puis avec ces mêmes pierres on faisait des épreuves de lancer de poids. Je déclarais souvent forfait, la pierre faisant presque mon poids. Problème de catégorie : je me faisais remplacer par un ami ou un cousin!
Puis l’épreuve du javelot. Le pied du parasol, pointu, faisait très bien l’affaire. On ne craignait pas d’y perdre un œil. On le lançait de toutes nos forces dans le jardin, essayant de le planter dans le sol….trop dur!
Ces jeux olympiques devaient se terminer inexorablement par les jeux d’hiver. L’épreuve de ski se déroulait en hiver, comme il se doit, et donc, dans la maison de Tunis. Et comme on n’avait pas de neige, il nous vint l’idée extraordinaire d’étaler du Talc sur le carrelage pour pouvoir glisser plus facilement.
Vous savez le Talc, cette poudre blanche très fine et vaporeuse dont on enduisait la peau des bébés pour soigner les irritations, et qui pouvait ressembler un peu, vraiment un tout petit peu, à de la neige. Nous avions une imagination débordante!
Non contents de cette idée folle, on décida d’y rajouter une difficulté, une haie, une chaise qu’il fallait enjamber, avant de se lancer dans un sprint effréné dans un couloir de 10m! Cette épreuve eut raison de tous mes efforts : une jambe cassée, dans le plâtre pour deux mois! Je déclarais forfait! Ainsi prirent fin nos jeux olympiques en 1965 à Tunis…..
Finalement c’est peut-être facile d’organiser des Jeux olympiques mais il faut en mesurer les dangers . Je pense donc que le Japon a raison de vouloir les organiser dans des conditions drastiques.
Suite à mon accident de jeux olympiques, pour consolider les os, mon père disait que le drôo (farine de sorgho) était excellent. Et j’en ai mangé des bols et des bols de cette délicieuse soupe sucrée, agrémentée de sucre et de cannelle.
Recette du gâteau à la farine de Sorgho / Vegan en plus!
150 g de Sorgho.
150 g de farine blanche.
150 g de sucre de sucre.
1/2 cac de bicarbonate alimentaire.
1 zeste d’orange.
1 poignée de raisins secs.
20 dattes dénoyautées coupées en morceaux (irremplaçable!).
20 cerneaux de noix cassés.
20 cl d’eau.
15 cl d’huile.
5 cl d’eau de fleurs d’oranger.
1 poignée de sésame.
Mélanger farine de sorgho, farine de blé, sucre, bicarbonate. Puis rajouter le zeste d’orange, les raisins secs, les noix, les dattes, l’eau, l’huile, la fleur d’oranger. Mélanger le tout.
Mettre la pâte dans un moule avec du papier sulfurisé, saupoudrez de sésame et enfourner pour 40 mn au moins à 180 degré. Planter le couteau pour vérifier la cuisson.
Ce gâteau est un vrai délice! Après ça, je pense que vous pourrez vous entraîner pour le marathon….
Laurie Boutboul
J’ai adoré, l’engagement quel qu’il soit est important, pardon mais je l’ai lu avec l’accent du Sud !