Une peine d’emprisonnement et une amende de 10 000 euros ont été requises ce mercredi à l’encontre de Dieudonné M’Bala M’Bala, jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour « injure publique » dans des vidéos dont il nie être à l’origine.
« Ce n’est pas moi sur ces vidéos, je ne suis pas l’auteur des propos » incriminés, s’est défendu le polémiste se disant victime d’un « deepfake », une technique de trucage numérique très sophistiquée.
Dieudonné était poursuivi dans deux affaires distinctes. Dans un cas, il était jugé pour « injure publique envers un fonctionnaire », en l’occurrence Frédéric Potier, ancien délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, dans une vidéo diffusée en septembre 2020. Il était mis en cause dans une autre affaire pour « injure publique à caractère antisémite » et « contestation de crime contre l’humanité » dans deux vidéos datant du mois de mai 2020.
Les vidéos, contestées par Dieudonné et dénoncées par les parties civiles, chacune d’une quinzaine de minutes, ont été diffusées intégralement à l’audience. Les propos tenus y sont antisémites, négationnistes, grossiers et haineux. « Que pensez-vous des propos entendus » dans les vidéos ?, demande Richard Malka, avocat de Frédéric Potier, au polémiste âgé de 55 ans.
Dieudonné répète : « Ce n’est pas moi. C’est un ‘deepfake' ». A plus d’une vingtaine de reprises, il niera être l’auteur des vidéos, refusant de s’expliquer sur les propos abjects qui y sont proférés.
Pourtant, sur l’écran, on a bien l’impression de voir et d’entendre le polémiste condamné à de multiples reprises – « 21 fois », précise Me Malka. Dans l’une des vidéos diffusées à l’audience, Dieudonné porte quasiment la même tunique que celle qu’il a revêtue au tribunal. « M. M’Bala M’Bala n’ose même plus se regarder en face », ironise Me Malka accusant le polémiste de « se moquer de la justice ».
Plusieurs avocats des parties civiles ont dénoncé « la lâcheté » du prévenu. Dieudonné a ostensiblement tourné le dos aux avocats des parties civiles durant leur plaidoirie en sirotant un soda.
Pour l’avocat de Dieudonné, Me David de Stefano, son client a bien été victime d’un « deepfake ». « L’accusation ne repose sur aucune preuve », a-t-il soutenu avant d’affirmer que « les deepfakes sont indétectables et faits pour nuire aux personnes ». Il a demandé la relaxe de son client.
La décision a été mise en délibéré au 2 juillet.