« Aussi longtemps qu’on s’entend, qu’on partage, on vit ensemble » écrivait Simone Veil. Aujourd’hui, comment enseigner la Shoah alors que les témoins disparaissent ? Le documentariste William Karel utilise un procédé inédit pour créer une œuvre forte à partir de témoignages de la Shoah.
Entre 1992 et 2021, j’ai réalisé quinze films sur la Shoah, de La Rafle du Vel d’Hiv (avec Blanche Finger) à La Diaspora des cendres. J’ai rassemblé une grande quantité de documents dont seule une toute petite partie était utilisée. C’est en classant ces documents qu’il m’a semblé que l’on pouvait faire un « documentaire » uniquement avec cette matière, lequel a pris forme pour la radio d’une part et pour la télévision d’autre part.
Dans La diaspora des cendres, il n’y a ni commentaire ni témoin, ni historien. Uniquement les voix de comédiennes et comédiens lisant des textes, en les croisant, en les opposant – ceux des victimes et ceux des bourreaux : nombreux journaux intimes, billets jetés des trains par les déportés, lettres de prisonniers juifs, de sonderkommandos, de SS, circulaires ministérielles, notes de service des responsables d’Auschwitz, réclamations à propos de problèmes techniques, lettres de soldats allemands à leur famille, documents cachés par les survivants des ghettos, extraits de livres, coupures de presse de revues communautaires, lettres de Juifs à leurs familles à l’étranger, etc. Des lois de Nuremberg de 1935 à la fin de la guerre en 1945, elles racontent les premières mesures du régime nazi, le port obligatoire de l’étoile, l’exclusion, la peur, la vie dans les ghettos, les premières arrestations, les exécutions publiques, les déportations, les chambres à gaz, l’extermination.
William Karel
Avec Mathieu Amalric, Valérie Dréville, Elsa Lepoivre (de la comédie française), François Marthouret, Denis Podalydès (de la comédie française)
Conseiller artistique : Guillaume Poix
Réalisation : Sophie-Aude Picon
Conseillère littéraire Caroline Ouazana
Prise de son, montage et mixage : Etienne Colin et Antoine Viossat
Assistants à la réalisation : Pablo Valero