Aujourd’hui, les souvenirs de Laurie nous ramènent à la Marsa, et plus particulièrement au mythique chameau du SafSaf, avec en prime, la recette des bricks qui nous met l’eau à la bouche!
Ma mère avait vendu « La jolie maison de la plage », et chaque été elle louait avec ma Tante Dédé une dépendance chez des amis qui habitaient Carthage.
De ce que j’en sais, c’était juste parfait pour elles. Elles avaient fait de ce 2 pièces, un havre de paix à leur image! Un petit coin de paradis juste fait d’une chambre, petit salon, petite cuisine, petite table, petit pot de fleurs, petit jardin !
Alors que les propriétaires avaient un grand jardin avec piscine, c’était dans ce petit coin de paradis qu’ils aimaient venir prendre un petit café accompagné d’un petit gâteau. Et c’est là, que le mot convivialité prenait tout son sens! Bien entendu le beau sourire de Rzèla, toujours de bonne humeur contribuait à leur bonheur. Elle leur tenait compagnie.
Souvent en fin d’après-midi, après mille hésitations (vous comprendrez pourquoi), Tata Dédé enfourchait sa voiture Peugeot aussi vieille que Mathusalem. La voiture démarrait au quart de tour, je vous assure, mais dans les descentes et les montées, c’était autre chose, elle toussait et s’essoufflait.
Et ce n’est ni Rzela, ni ma tante, ni ma mère qui auraient pu la pousser. Elles avaient à elles trois, 240ans!!!!! Je plaisante un peu mais permettez-moi de dire, qu’elles étaient magnifiques nos trois courageuses guerrières! Elles se contentaient de remettre leur destin entre les mains de D…. Et les voilà en route pour La Marsa!
Elles allaient d’abord prendre une glace chez Salem et dans la soirée, avant la tombée de la nuit, elles se régalaient d’un bon sandwich tunisien ou encore d’une brick, à l’œuf, « à la pâte ouverte à la main » au SafSaf.
Elles allaient d’abord « saluer » notre chameau national qui tournait autour du puits toute la journée, croyant, grâce aux œillères qu’il avait devant les yeux, traverser le désert de long en large, le pauvre! Sans ce chameau, le SafSaf n’aurait plus le même charme!
Puis elles commandaient le fameux sandwich tunisien dans un pain italien, juste croustillant et bien dodu, dont on enlevait la mie (pour le rendre plus léger!!!!) et que le marchand farcissait d’harissa, de pomme de terre, d’olives, de citron beldi confit, de thon, et enfin pour enrichir le tout, d’une cuillerée d’huile d’olive….qui aurait donné des sueurs froides au nutritionniste le plus aguerri! Pour leur défense elles commandaient deux sandwichs pour elles trois.
Mais quand l’Artiste était là, elles préféraient déguster une brick dont la pâte étalée à la main sur un plan de travail bien huilé, se nourrissait d’un œuf, de « bigadilou », sel et poivre. Le plus dur était cette technique, celle de ramasser cette pâte si fine et farcie et de la poser par un geste sûr et précis, dans une énorme poêle d’huile bouillante, juste pour saisir la brick sans que l’œuf ne soit trop cuit. Quand je vous disais qu’il fallait être un artiste pour réussir ce tour de force : de l’orfèvrerie !!!!
Pour finir, pour digérer, disaient elles, à l’aide d’un joli « halleb » en terre cuite, elles allaient se désaltérer à l’eau du puits légèrement salée, treuillée par le chameau du SafSaf. C’était une journée ordinaire, mais extraordinaire (quand on y repense), de nos trois mamies de choc!
Ce texte est écrit, particulièrement, à l’attention de Tata Dédé avec toute mon affection.
Recette des bricks aux pommes de terre que ma mère Tounette préparait toujours à l’avance (non frites) dans son congélateur, au cas où….
Pour 6 personnes.
12 feuilles de bricks.
4 belles pommes de terre.
1 oignon et quelques brins de persil pour faire le «bigadilou ».
Un jaune d’œuf pour la farce.
Un blanc d’œuf pour coller les bricks.
Sel, poivre noir.
Huile pour friture.
Faire cuire les pommes de terre, leur ôter la peau puis les écraser lorsqu’elles sont encore chaudes.
Pour le Bigadilou (j’adore cette consonance !) :
Hacher gros l’oignon puis le faire suer dans un tout petit fond d’huile, jusqu’à ce qu’il soit doré mais pas brûlé!
Rajouter dans l’oignon doré, quelques brin de persil coupé fin.
Laisser cuire ensemble 2mn.
Mélanger la purée maison, le jaune d’œuf et le bigadilou, rajouter sel et poivre.
Prenez vos feuilles de bricks, puis rabattre les quatre bords vers le milieu. Vous obtiendrez un carré.
Déposer de la farce au milieu de ce carré et plier en deux pour en faire un triangle.
On en profite pour réviser sa géométrie!
Mettre un peu de blanc d’œuf sur le bord pour que la brick reste fermée.
Frire la brick dans l’huile chaude sur les deux faces.
Déposer sur du papier absorbant pour éliminer l’excédent d’huile.
À manger chaudes pour garder le croustillant, accompagnées d’un petit jus de citron beldi : le rêve!
PS : Important : Je viens d’apprendre que le chameau du SafSaf s’appelle « FETHIA«
J’adore cette description car je mange carrément moi aussi ce casse-croute !
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