Ils appellent au boycott du géant de la vente en ligne qui vient d’annoncer des résultats exceptionnels au premier trimestre, mais ne peuvent s’empêcher de glisser un ou deux articles dans leur panier.
Cent huit milliards de dollars de chiffre d’affaires sur le seul premier trimestre. Soit une progression de 44 % comparé à 2020, pour 8,1 milliards de bénéfices. Amazon vient d’annoncer des résultats monstrueux pour ce début d’année 2021. La firme qui sait tout sur ses clients ignore peut-être pourtant combien il y a de boycotteurs parmi eux. Parce qu’on a beau avoir décidé de ne rien acheter sur la plateforme du géant de la vente en ligne accusé de maltraiter ses employés comme la planète, en cliquant sur son compte pour voir ses achats passés, on finit par se rendre compte que, pour des boycotteurs, on est quand même bon client à force d’exceptions.
« Oui, Amazon se gave, à nous de ne pas les gaver », nous enjoignait la ministre de la culture, Roselyne Bachelot sur LCI en novembre, peu après la mise en place du deuxième confinement. Justement les confinements successifs ont rendu encore plus difficile de se passer de ces colis et contraignent des millions de boycotteurs à acheter sur Amazon à l’insu d’eux-mêmes.
A quoi on les reconnaît
Ils disent boycotter Amazon « à part les livres rares » comme des nouveaux végétariens préciseraient « à part les lardons dans les quiches ». Après avoir ouvert leur colis, ils enlèvent l’étiquette sur leurs cartons de livraisons pour que leurs voisins ne sachent pas qu’ils commandent chez Amazon. A chaque fois qu’ils commandent un livre sur la plateforme, ils courent expier chez le libraire de quartier en acheter deux. Au supermarché, ils vont à la caisse avec caissière en espérant sauver des emplois. Ils ont engueulé leurs enfants d’avoir dit devant leurs amis que leurs Lego avaient été commandés sur Amazon.
Comment ils parlent
« A part pour certains trucs, je ne commande plus sur Amazon. » « Un cahier grand format couverture plastifiée petits carreaux 96 pages, j’avais pas le courage de faire le tour des papeteries. » « C’était juste trois livres pour mon mémoire. » « Je viens de m’abonner à Amazon Prime pour un an sans faire exprès. » « Avec les magasins fermés, j’étais obligée. » « Quand j’ai vraiment besoin, je demande à Didier d’utiliser son compte. » « Il me fallait des enveloppes à bulles à paillettes. »
« Ma seule exception, ça a été de commander un peigne antipoux Assy 2000 pendant les vacances dans le Lot. » « D’accord, il m’arrive de commander sur Amazon, mais au moins j’essaie de grouper mes commandes. » « J’ai commandé des catadioptres. Le lendemain, c’était dans ma boîte aux lettres. » « J’ai commandé l’an dernier un thermomètre auriculaire pour mes parents à l’époque où ils étaient introuvables dans les pharmacies. » « Une fois que t’as été habitué à recevoir le lendemain, c’est difficile de s’en désintoxiquer. » « Franchement, j’évite. » « Je me suis super disciplinée sur les bouquins. »
Leurs grandes vérités
La vie de quartier, il faut la préserver. L’e-commerce systématique, c’est une catastrophe environnementale et sociale. La transformation du territoire avec des entrepôts logistiques, c’est pas mieux que les énormes centres commerciaux. C’est en se rendant compte qu’il est devenu impossible de boycotter totalement Amazon qu’on comprend qu’il est urgent de le faire.
Sans alternative, c’est difficile de boycotter Amazon. Ça demande de plus en plus d’efforts de défendre ses principes, on se repose trop sur les comportements individuels et pas assez sur les politiques publiques.
Leurs questions existentielles
C’est quoi l’alternative ? Si je n’achète que des roulettes de rechange pour le panier à lave-vaisselle sur Amazon, ça va, non ?
Leur graal
Le sketch tiré des microfictions « Les Perruques de Thomas », de l’humoriste Thomas Poitevin, dans lequel un personnage doit s’excuser auprès de ses followers qui ont aperçu sur son compte Facebook, en zoomant sur une photo de son jardin, un colis Amazon dépassant du local à poubelles en bois de récupération. « Cet achat était une erreur et je tiens à m’excuser auprès de tous les écocopines/copains que nous avons pu blesser. »
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La faute de goût
Commander un article sur un partenaire du site de la Fnac et recevoir un paquet d’Amazon (puis un e-mail d’explication de la Fnac Darty sur le fait qu’on ne peut pas empêcher nos partenaires de travailler aussi avec Amazon).