Marie-Louise Lafon n’avait que 14 ans lorsque son sang-froid a permis de sauver la vie d’une personne juive. Elle vient de s’éteindre.
Les amis de Marie-Louise Lafon se sont réunis autour de sa famille lors de ses obsèques célébrées par son neveu, l’Abbé René Mathieu, mercredi 28 avril, en l’église de Ligueux (Dordogne). C’est une grande dame qui disparaît, dans sa 92e année. Son courage et ses qualités humaines ont marqué les mémoires du village et même au-delà. En 2000, Marie-Louise Lafon reçut la médaille de Juste parmi les Nations. En janvier 2007, elle avait été reçue par le président de la République Jacques Chirac et Simone Veil au Panthéon pour l’hommage solennel de la Nation aux Justes de France. Le 20 avril 2007, elle s’était vu remettre la Légion d’Honneur.
Présence d’esprit
Rappelons les faits. Ce matin du 29 mars 1944, les SS cernent la ferme familiale et menacent d’y mettre le feu. Le père de Marie-Louise Lafon avait été dénoncé à tort de recel d’armes. Marie-Louise Lafon, âgée de 14 ans, a tenu tête aux Allemands jusqu’à semer le doute. Les Allemands décident de fouiller la maison. Marie-Louise Lafon, avec sang-froid, accompagne le SS dans chacune des pièces, sachant que dans une chambre, elle avait fait coucher et avait recouvert d’un édredon Rose Weill, pour la protéger et avait eu le réflexe de dissimuler son sac à main avec tous ses papiers d’identité mentionnant sa religion israélite, sous le petit bois dans la cuisinière. Marie-Louise Lafon dit avec aplomb « C’est la femme de ménage, elle vient de faire un malaise. » L’Allemand rabat alors la couverture et sort. Grâce au courage de Marie-Louise Lafon, Rose Weill aura la vie sauve. Marie-Louise abordera toujours avec modestie cet épisode. « Je ne me considère pas comme une héroïne ; j’ai fait preuve ce jour-là de présence d’esprit, voilà tout. »
Ses qualités ont été le fil conducteur sa vie et de l’exercice de sa profession de directrice d’école à Cornille. C’est pour lui rendre hommage que la municipalité a rebaptisé en septembre 2013 l’école de Ligueux « École Loulette », surnom amical que ses proches lui donnaient.