1100 manifestants se sont rassemblés ce dimanche après-midi devant le Palais de justice de Lyon pour protester contre la décision de la Cour de cassation de reconnaitre irresponsable pénalement l’assassin de Sarah Halimi, qui avait tué la vieille dame en 2017. Les experts ont estimé qu’au moment des faits son discernement était aboli.
« Le grand rassemblement de la colère pour Sarah Halimi ». C’est sous ce mot d’ordre que des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche à 16h devant le Palais de justice de Lyon, dans le 5e arrondissement, à l’appel de collectifs citoyens et d’organisations de la communauté juive de France.
#rhone #lyon #SarahHalimi Meurtre de Sarah Halimi : 800 manifestants devant le Palais de justice. Suivez la mobilisation en direct : 👉https://t.co/8W4IzTE7j5 pic.twitter.com/jUOgXsGTzW
— Le Progrès – Lyon (@leprogreslyon) April 25, 2021
« On est là pour réclamer justice pour Sarah Halimi »
Les manifestants ont convergé en nombre vers le Palais des « 24 colonnes ». Des pancartes « Justice pour Sarah Halimi » ou « Parce que drogué, tu ne seras pas jugé », « Non à l’antisémitisme, non au racisme, oui à la fraternité » ont été brandies et des fleurs déposées devant les grilles du tribunal, à la mémoire de Sarah Halimi. Selon les organisateurs, plus de 1000 personnes étaient présentes. Le quai Romain Rolland, situé devant le tribunal, a été fermé à la circulation.
Certains manifestants font part de leur incompréhension face à la décision de la Cour de cassation de ne pas reconnaitre comme pénalement responsable le meurtrier présumé de Sarah Halimi. A l’image de Samuel : « On est dans la rue pour réclamer et clamer la justice pour Sarah Halimi. Un procès, une révision de l’affaire, c’est pour ça que je suis venu cet après-midi ». Ou encore Liliane : « désormais on peut perpétrer toutes les violences, commettre tous les crimes dès lors que l’on est sous l’emprise de substances et que l’on a des bouffées délirantes ».
L’avocat lyonnais, Paul-Richard Zelmati, déplore lui aussi cette issue judiciaire : « cet homme sera soigné. Il est impossible de quantifier ce temps et il pourra fêter ses anniversaires et la famille de Sarah Halimi ne le pourra pas ».
Combler un vide juridique
Dans la journée, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a justement annoncé la présentation fin mai en Conseil des ministres d’un projet de loi dont l’objectif sera de combler le “vide juridique” qu’aurait mis en lumière cette affaire Sarah Halimi.
« Il faut tirer les conséquences de la décision de la Cour de cassation qui constate l’absence de possibilité offerte par le droit actuel de tenir compte de la prise volontaire de substances toxiques par un individu conduisant à l’abolition de son discernement », a indiqué le ministre dans un communiqué publié ce jour. Actuellement, la loi ne fait pas de distinction entre les différentes origines d’un trouble mental entrainent une abolition du discernement.
Conformément à la demande du Président de la République, le gouvernement présentera fin mai en conseil des ministres un projet de loi pour combler le vide juridique apparu dans l’affaire Sarah Halimi.
Cette histoire tragique qui nous a tous marqués va faire avancer notre droit. pic.twitter.com/SqF2O28utj— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) April 25, 2021
Sous l’emprise de la drogue
Cet appel à manifester fait suite à une récente décision de la Cour de cassation. L’affaire faisait débat depuis quatre ans. L’auteur présumé du meurtre de Sarah Halimi allait-il être déclaré responsable pénalement de ses actes ? Mercredi 14 avril, la plus haute juridiction française a confirmé la décision de la cour d’appel, selon laquelle le discernement de Kobili Traoré était altéré au moment des faits et il ne pouvait par conséquent pas être jugé.
Le 4 avril 2017, cet homme de 27 ans, de confession musulmane, s’était introduit chez sa voisine juive, Sarah Halimi, puis l’avait rouée de coups en récitant des versets du Coran et en criant “Sheitan” (diable) et “Allahou Akbar” (Dieu est le plus grand), avant de la jeter par dessus le balcon de son HLM du 11e arrondissement de Paris.
Selon les sept experts psychiatriques qui l’ont examiné, Kobili Traoré, gros consommateur de cannabis, était en proie à une « bouffée délirante » lorsqu’il a tué sa voisine de 65 ans, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi. En 2019, la cour d’appel de Paris avait conclu à l’existence d’un trouble psychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes au moment des faits, ce que la Cour de cassation a jugé conforme au droit. Une décision qui met fin à toute suite judiciaire potentielle dans cette affaire. Kobili Traoré devrait rester en hôpital psychiatrique.
En amont de la manifestation, les organisateurs avaient invité « tous nos amis, tous nos concitoyens soucieux de la justice et de la lutte contre l‘antisémitisme à nous rejoindre, avec une rose pour ceux qui le souhaitent, pour exprimer leur émotion, leur incompréhension, leur tristesse et leur colère face à une décision qui dit le droit sans rendre la justice ». D’autres rassemblements ont lieu aujourd’hui dans de nombreuses villes du pays.