Pour préserver sa propriété intellectuelle, la Commission refuserait de collaborer avec Israël, le Royaume-Uni et la Suisse sur des projets de recherche en informatique quantique.
Certains Etats membres, l’Autriche et le Danemark en tête, s’inquiètent fortement de cette politique protectionniste qui risque d’empêcher l’Europe de combler son retard vis-à-vis des Etats-Unis et de la Chine.
La Commission européenne souhaiterait exclure Israël, le Royaume-Uni et la Suisse des projets de recherche collaboratifs sur les nouvelles technologies quantiques par crainte de vols de propriété intellectuelle, rapporte Politico.
Des états s’inquiètent
Or, certains Etats membres s’inquiètent de cette stratégie protectionniste. Ces tensions ont provoqué l’annulation par la Commission d’une réunion prévue le 19 avril 2021. Celle-ci était justement dédiée à la collaboration dans des domaines technologiques sensibles avec des pays tiers.
Cette réunion, qui rassemblait des représentants des 27 Etats membres, s’inscrivait dans le cadre d’Horizon Europe, le programme de recherche et d’innovation 2021-2027, doté d’un budget de 95,5 milliards d’euros. Elle a été reportée jusqu’à nouvel ordre, a précisé un diplomate à Politico.
Préserver la propriété intellectuelle
Le plan initial vise à empêcher le transfert de propriétés intellectuelles sensibles vers des pays tels que la Chine. Depuis 2019, l’UE et la Chine négocient un accord visant à renforcer la coopération bilatérale sur les projets de recherche et d’innovation.
Jusqu’à présent, cette collaboration s’est limitée à quelques domaines dans lesquels il y avait « un fort intérêt commun », tels que l’agriculture, la sécurité alimentaire et les biotechnologies, rapportait Politico fin mars dernier. Pour renforcer ces liens, la Commission demande à Pékin d’adhérer à une série de règles sur la propriété intellectuelle, l’éthique ou encore l’accès aux fonds de R&D.
Une collaboration est indispensable
Préoccupés par la politique bruxelloise, l’Autriche et le Danemark ont envoyé un courrier à Mariya Gabriel, la commissaire européenne en charge de l’innovation, la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse. Les deux pays y reconnaissent la nécessité de défendre les intérêts stratégiques européens mais soulignent la valeur de la collaboration avec des partenaires. Ils proposent donc que les entités non européennes ne soient exclues qu’au cas par cas et sur la base de justifications stratégiques spécifiques.
« Dans de nombreux cas, l’inclusion de partenaires de confiance est tout à fait dans notre propre intérêt, car ces partenaires sont à l’avant-garde dans d’importants domaines de R&I. Leur participation est essentielle pour les projets Horizon qui aideront à résoudre des défis majeurs », indique la lettre envoyée par le gouvernement danois. Son homologue autrichien craint que cette méfiance n’engendre des coûts « d’un point de vue de la diplomatie scientifique » et une perte d’attractivité de l’Europe car les pays exclus se tourneront vers d’autres partenaires.
L’Europe loin derrière les Etats-Unis et la Chine
Depuis quelques années, l’Union européenne tente d’accélérer sur le quantique. D’ici 2030, elle espère avoir son « premier ordinateur quantique de pointe ». Mais elle reste très loin derrière les Etats-Unis, qui comptent la majorité des leaders du secteurs tels qu’IBM, Google ou encore Microsoft, et la Chine.
La stratégie visant à se rapproche d’autres pays n’est donc pas une si mauvaise idée pour tenter de rattraper ce retard. Début mars, Israël annonçait une enveloppe de 60 millions de dollars injectée dans un projet visant à fabriquer un ordinateur quantique.