Le fragment de céramique, découvert en 2018 en Israël, serait le plus ancien texte du Levant méridional à utiliser l’écriture alphabétique.
Mis à jour en 2018 dans les ruines du site de Tel Lakish en Israël par une équipe de chercheurs autrichiens, le morceau de céramique sur lequel sont inscrites deux lignes d’une écriture encore inconnue a fait l’objet d’une étude approfondie publiée dans son intégralité par le journal scientifique Antiquity de l’Université de Cambridge le 15 avril 2021.
« Datant du XVe siècle avant JC, cette inscription est actuellement la plus ancienne inscription alphabétique datée de manière sûre du Levant méridional, et peut donc être considérée comme le ‘chaînon manquant’ de l’histoire du premier alphabet », détaillent les chercheurs de l’Institut archéologique de l’Académie autrichienne des sciences et de l’Université hébraïque de Jérusalem.
Un artefact qui relie plusieurs inscriptions alphabétiques découvertes précédemment
Vestige d’un pot d’argile importé de Chypre, l’artefact vieux de 3500 ans mesure seulement 4 centimètres sur 3,5 centimètres. « On peut y voir une poignée de caractères répartis sur deux lignes et écrit à l’encre de Canaan », explique le quotidien israélien Haaretz.
Dérivées des hiéroglyphes, ces écritures permettent de combler des lacunes dans l’histoire de l’alphabet qui aurait été exporté hors d’Egypte environ un siècle plus tôt que ce que l’on pensait, vers l’est, dans le Levant méridional. « Cet artefact est un chaînon manquant qui permet de relier les inscriptions alphabétiques antérieures trouvées en Egypte et dans le Sinaï à des textes ultérieurs découverts à Canaan », une civilisation du Proche-Orient ancien située le long de la rive orientale de la mer Méditerranée, explique Felix Höflmayer, directeur de l’étude. Il ajoute : « Tous les alphabets ont quelque peu évolué à partir des hiéroglyphes, le phénicien, l’hébreu, le grec, le latin et ainsi de suite. »
Une diffusion de l’alphabet avant la domination égyptienne
« La diffusion de l’alphabet s’est probablement produite à la fin de l’âge du bronze moyen et à la deuxième période intermédiaire égyptienne [1782-1570 av. J.-C.], lorsqu’une dynastie d’origine asiatique occidentale (les Hyksos) régnait sur le nord de l’Égypte », décrypte Felix Höflmayer.
Daté de l’âge de Bronze, le fragment de céramique permet de confirmer un développement et une diffusion de l’alphabet au Levant indépendamment et bien avant la domination égyptienne, même s’il est encore trop tôt pour comprendre comment cela s’est véritablement déroulé.