Le Premier ministre israélien, actuellement jugé pour corruption, est chargé de former le nouveau gouvernement. Mais la partie s’annonce difficile.
Le cœur n’y était pas. Mais le président israélien, Reuven Rivlin, n’avait pas le choix. Il a donc confié à Benyamin Netanyahou le soin de former une coalition gouvernementale. Pour montrer sa défiance, il n’a pas invité l’impétrant à recevoir en main propre la lettre officielle de sa nomination. Il s’est contenté de la faire porter à la présidence du Conseil, le bureau de Netanyahou. Du jamais-vu dans l’histoire politique du pays.
« Il ne m’a pas été facile de prendre cette décision pour des raisons morales et éthiques, a déclaré le président. Et je suis inquiet pour mon pays. Mais j’ai agi conformément aux exigences de ma fonction, selon la loi et la décision de la justice. » Comprenez : le mandat revient à un Premier ministre sortant actuellement jugé pour corruption, fraude et abus de confiance. Mais Benyamin Netanyahou, au terme des élections législatives du 23 mars, a recueilli le soutien de 52 députés, alors que son principal adversaire, le centriste Yaïr Lapid, n’en a réuni que 45. La Knesset compte 120 sièges.
La carpe et le lapin
Le chef du gouvernement sortant va-t-il réussir à attirer dans son camp les neuf députés qui lui manquent pour parvenir à la majorité de 61. Il a vingt-huit jours pour y parvenir. S’il échoue, il devra rendre son mandat au président Rivlin, qui pourrait le confier à un autre candidat. En attendant, et pour arriver à ses fins, va-t-il tenter de pousser à la désertion des parlementaires de partis qui jusqu’à présent ne le soutiennent pas ? Ou bien va-t-il conclure des accords avec les 7 députés de la formation nationaliste religieuse de Yamina dirigée par Naftali Bennett ?
En ce cas, il aurait seulement 59 députés. Et il lui faudrait donc obtenir aussi le soutien de la liste arabe islamiste Raam d’Abbas Mansour, qui siégerait aux côtés de Sionisme religieux, le parti d’extrême droite anti-arabe. Ce serait la version israélienne du mariage de la carpe et du lapin. À en croire la plupart des commentateurs, le scénario le plus probable serait celui d’un nouveau scrutin en septembre prochain. Le cinquième en un peu plus de deux ans.
Pendant ce temps, le procès de Benyamin Netanyahou se poursuit. Les juges l’ont autorisé à ne pas assister aux audiences. Depuis ce lundi, la cour entend le témoignage d’Ilan Yeshoua, l’ancien directeur du site d’information Walla. Il raconte comment il a été contraint de diffuser des reportages favorables au Premier ministre et à sa famille, tout en attaquant ses adversaires politiques. Le propriétaire du site, qui était également le principal actionnaire de Bezeq, la grande compagnie de télécoms israélienne, aurait reçu en échange des avantages en matière de régulation de la part de Benyamin Netanyahou. Ilan Yeshoua pourrait rester à la barre des témoins pendant au moins un mois.
Lundi, en fin d’après-midi, malgré la tension politique, le Premier ministre sortant a trouvé le temps de faire une déclaration télévisée dans laquelle il a accusé les services du procureur et la police de vouloir le renverser en lui faisant un faux procès.
Urgence
Pour l’heure, Benyamin Netanyahou reste aux manettes. Il dirige un gouvernement de transition, censé expédier les affaires courantes, jusqu’à la formation d’une coalition gouvernementale d’au moins 61 députés. Mais il ne peut effectuer aucune nomination. Son cabinet n’a pas de ministre de la Justice. Trente-six ambassades d’Israël ne sont gérées que par des chargés d’affaires. Sans parler du budget de l’État, qui n’a pas été adopté depuis 2019.
Danièle Kriegel
Je trouve cette histoire pas très démocratique, les gens ont voter, le président doit remplir son rôle jusqu’au bout, il semble que ce soit la règle dans beaucoup de pays, les gens votent mais si ce n’est pas ce qui plaît, alors on passe au dessus !